L’Ukraine appelle la Turquie à fermer l’accès du Bosphore et des Dardanelles, mais Ankara peut difficilement prendre parti

La Turquie entretient de bonnes relations avec l’Ukraine et avec la Russie. Mardi encore, le président Erdogan disait ne pouvoir choisir de camp dans les tensions accrues depuis la reconnaissance russe des territoires, et appelait à la diplomatie. Depuis, c’est la guerre, et l’Ukraine a lancé un appel à l’aide à la Turquie. Quelle est sa marge de manoeuvre?

« La Turquie ne reconnaîtra aucune mesure affectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », clamait le président turque Erdogan, mercredi, au téléphone avec Poutine, relaie la présidence turque. « Un un conflit militaire n’apportera rien à personne », ajoutait-il encore. Jeudi matin l’Ukraine a été attaquée par les armées russes.

L’Ukraine a alors fait appel à la Turquie, lui demandant de barrer l’accès du Bosphore et des Dardanelles – passages de la Méditerranée à la Mer Noire – aux navires russes. Les attaques russes envers l’Ukraine sont menées, entre autres, depuis la Crimée et la région limitrophe à l’extrême est de l’Ukraine. Ne pas voir davantage de navires russes débarquer par le sud serait donc un avantage pour l’Ukraine.

De son côté, la Russie a déjà fermé la mer d’Azov à la circulation maritime.

Quelle marge de manoeurvre pour la Turquie?

La Turquie est assise entre deux chaises. Elle est un pays (quasi) frontalier avec la Russie, mais également membre de l’OTAN (depuis 1952), une situation délicate.

Le président Erdogan a également indiqué avoir les mains liées, mardi dernier au bord d’un vol revenant du Sénégal, accompagné de journalistes. « Ce n’est pas possible (de rompre avec un des deux protagonistes, ndlr). Nous avons des relations politiques et militaires avec la Russie. Nous avons aussi des relations politiques, militaires et économiques avec l’Ukraine », cite Ouest France.

Ainsi, la Turquie a vendu des drones militaires à l’Ukraine, mais d’un autre coté, elle se fournit du côté des Russes, pour un système de défense anti-missiles S-400. Pour l’énergie et les céréales la Turquie se tourne également vers les Russes.

Erdogan s’était même proposé comme entremetteur de la paix, fin janvier, pour réunir Zelensky et Poutine. Le Kremlin avait refusé, rapporte Le Monde, à cause de la livraison de drones turques à l’Ukraine. Un drone a notamment déjà pu neutraliser un obusier russe, utilisé par les séparatistes, en octobre dernier. Depuis cette frappe, la relation turco-russe est en berne, et les deux présidents ont eu une conversation téléphonique assez véhémente.

Un refroidissement suffisant pour bloquer l’accès aux navires russes? Ce serait en tout cas un point de non retour pour la Turquie… et pour l’OTAN. Une intervention turque serait une intervention d’un pays membre de l’OTAN. Et personne ne connait la suite d’une telle manoeuvre.

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