L’UE envisagerait d’activer le fonds de sauvetage face au coronavirus, c’est quoi ?

Les responsables de la zone euro envisageraient d’activer le fonds de sauvetage de la région pour aider à contenir l’impact économique du coronavirus. Une étape cruciale vers le déclenchement des plus puissants pouvoirs d’achat d’obligations de la Banque centrale européenne.

Selon Bloomberg, les responsables envisagent sérieusement un plan qui verrait le mécanisme européen de stabilité mettre en place de multiples lignes de crédit pour les gouvernements de la zone euro.

En plus de puiser dans les 410 milliards d’euros du mécanisme européen de stabilité, la BCE pourrait ainsi acheter de vastes quantités d’obligations souveraines par le biais de son programme de transactions monétaires directes si la stabilité de la zone euro est menacée. Une condition qui sied particulièrement à la situation de détresse actuelle due à l’impact du coronavirus.

Face à la déroute des obligations de la zone euro, l’une des sources de Bloomberg a déclaré que les discussions en la matière sont en train de passer à la vitesse supérieure, bien qu’aucune décision n’aurait toutefois été prise à ce stade.

Jusqu’à 410 milliards d’euros

Le mécanisme européen de stabilité, ou MES, est un dispositif européen de gestion des crises financières de la zone euro né en 2012 pour renflouer les nations au plus fort de la crise de la dette. Cette organisation intergouvernementale dépendante de l’UE peut lever des fonds sur les marchés financiers jusqu’à 410 milliards d’euros. Sa raison de vivre: aider des États en difficulté et participer à des sauvetages de banques privées pour essayer de limiter les taux d’intérêt des pays en difficulté. Ce programme est resté pratiquement inactif depuis que la Grèce s’en est retirée en 2018.

Si les rendements des obligations souveraines sont encore loin d’atteindre les sommets de la crise de 2008, la perspective d’une profonde récession provoquée entraîne une forte hausse des coûts d’emprunt ces derniers jours. Les prêts du MES sont certes assortis de conditions, mais l’une des sources a déclaré que dans cette situation exceptionnelle, le fonds n’exigerait aucun ‘resserrement de ceinture’ strict comme c’est normalement le cas. Pas de plan d’austérité dans ce cas-ci, donc.

Une situation bien différente de 2008

Il faudra toutefois encore obtenir l’accord de l’ensemble des États membres pour activer une telle aide. Une tâche qui sera loin d’être aisée, préviennent les sources proches des discussions. La chancelière allemande Angela Merkel a déjà averti qu’il serait difficile d’utiliser le fonds sans condition. Tandis que le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s’est montré encore plus sceptique, affirmant que tout changement n’obtiendrait sans doute pas l’approbation du parlement néerlandais. Ils n’ont toutefois pas rejeté la possibilité d’un revers de main.

La Commission européenne devrait par ailleurs proposer aux gouvernements dans les jours qui suivent d’invoquer une clause de crise générale leur permettant de dépenser autant qu’il le faudra contre le coronavirus. Un autre signe que les dirigeants sont prêts à renoncer aux restrictions budgétaires, temporairement du moins.

Car la situation d’aujourd’hui est bien différente de celle de la crise financière. Les banques n’ont pas fauté, elles sont au contraire sollicitées pour atténuer le choc du coronavirus (extérieur à la volonté de chacun). La Banque européenne d’investissement (BEI) a ainsi annoncé lundi soir mobiliser 40 milliards pour les banques européennes, afin qu’elles puissent à leur tour soutenir les entreprises.

Si le MES n’a jamais été sollicité sans programme d’austérité attenant, la situation inédite provoquée par la crise du coronavirus pourrait bien rebattre les cartes. ‘Nous avons conçu le MES pendant une crise très différente (…) Nous allons défendre l’euro et les citoyens avec tout ce que nous avons’, promettait lundi le président de l’Eurogroupe Mario Centeno.

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