Londres met fin à la libre circulation des Européens

La deuxième lecture sur la loi sur la migration a commencé lundi à la Chambre des communes britannique. Pour les Britanniques, elle vise à reprendre le contrôle de leurs propres frontières.

Le texte doit réaliser une vieille promesse faite aux Brexiters. Il s’agit de freiner l’immigration en restreignant la libre circulation – à l’exception des Irlandais. Le ministre de l’Intérieur Priti Patel a promis un visa à points basé sur le modèle australien pour le 1er janvier 2021. Cela s’appliquerait aux Européens et aux non-Européens.

Seules les personnes qui maîtrisent suffisamment l’anglais et qui ont une offre d’emploi en poche seront les bienvenues. Pourvu qu’ils puissent gagner un salaire annuel minimum de 25.000 £ (28.000 euros). L’objectif est d’attirer des personnes très instruites et de décourager les autres. De cette façon, le gouvernement Johnson espère redresser l’intérêt des Britanniques pour des emplois qui étaient jusqu’ici occupés par des migrants d’Asie ou d’Europe de l’Est.

La société britannique dépend fortement des bas salaire

Keir Starmer, chef du Parti travailliste – House of Commons via AP

La pandémie l’a montré clairement: la société britannique – comme la nôtre – est fortement dépendante des chauffeurs de bus, des caissiers, des mineurs, des travailleurs hospitaliers et autres. Ce sont souvent des emplois peu rémunérés. Ces métiers sont généralement effectués au Royaume-Uni par des personnes d’origine pakistanaise, espagnole, caribéenne ou philippine. En juillet 2019, 13,1% des agents de santé publique du NHS (National Health Service) n’étaient pas d’origine britannique.

L’opposition s’est insurgée contre le texte avant même le début de la pandémie. Selon Nick Thomas-Symonds, secrétaire du tout récent chef du Parti travailliste Keir Starmer, ‘nous assistons à une hypocrisie flagrante envers le NHS et ses infirmières (…). Ils seront applaudis jeudi, mais on leur dira lundi qu’ils ne sont plus les bienvenus (les travailleurs immigrés).’ Le texte ‘constitue une menace pour l’intérêt national’, a-t-il déclaré.

172.000 pénuries de personnel dans les soins de santé au Royaume-Uni

Le NHS et les maisons de retraite font face à une grave pénurie de main-d’œuvre depuis un certain temps. Peu avant le déclenchement de la pandémie, il y avait une pénurie de 50.000 personnes au NHS. Et 122.000 aides-soignants dans des maisons de repos. En 2018, 17,8% des travailleurs de la santé venaient de l’extérieur du Royaume-Uni.

Le texte à la Chambre des communes peut-il être bloqué malgré les 80 sièges dont dispose le parti conservateur de Boris Johnson? Très peu probable, car cela nécessiterait des votes conservateurs. Mais quel conservateur s’opposera à un texte qui, dans sa forme actuelle, ne précise même pas les conditions du visa à points?

Parce que le projet de loi ne contient aucunement les conditions d’obtention de futurs visas. Elle ne fait que mettre un terme à la libre circulation des Européens. La possibilité de décider ultérieurement qui est éligible pour un visa reste totalement ouverte.

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