Les Européens pourront-ils toujours surfer sur la toile au cours de la prochaine décennie ? Sans un investissement conséquent pour renforcer les câbles sous-marins qui relient le vieux continent à l’Amérique, rien n’est moins sûr.
Au cours des dix prochaines années, les échanges de données entre les serveurs américains et européens ne vont cesser de croitre, de sorte qu’à un moment l’infrastructure actuelle ne pourra répondre à la demande. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par le cabinet Terabit Consulting consultée par La Tribune. À l’aube de la prochaine décennie, la demande de bande passante pour les données transitant à travers les câbles sous-marins transatlantiques atteindra 13,2 pétabits par seconde, soit près du triple de la capacité actuelle.
Sans investissement adéquat, la souveraineté numérique de l’ensemble de l’Union européenne sera remise en question, alerte le cabinet de consultants. Or, tirer des câbles suffisamment longs pour relier les deux continents, mais aussi suffisamment puissants pour assurer la transmission de données décuplées prendra du temps, beaucoup de temps. Et évidemment, cela coûtera également énormément d’argent. Établir un plan d’action est donc urgent, prévient le cabinet.
Selon le directeur des réseaux internationaux d’Orange, un budget de 4,25 milliards de dollars serait nécessaire pour répondre à la demande à venir estimée par Tebarit Consulting et ainsi tripler les capacités de transit actuelles des câbles qui relient l’Europe et les États-Unis.
La dépendance de l’Europe
Mais en matière de câbles sous-marins, l’Europe est malheureusement dépendante des GAFA, du moins en partie. Car si ces tuyaux d’informations sont toujours plus nombreux, ils sont souvent cofinancés par les géants de la Silicon Valley, notamment Amazon, Google, Meta ou encore Apple.
Outre le fait que ces entreprises disposent de moyens conséquents pour financer de nouvelles liaisons transatlantiques, elles sont également les premières à en profiter puisqu’elles s’assurent un transit toujours plus important de données européennes vers leurs espaces de stockage et donc, des revenus en hausse. Car oui, si l’Europe revendique sa souveraineté numérique, dans les faits, ce n’est pas tout à fait le cas. Elle dépend encore énormément des infrastructures américaines pour stocker ses données.