Dans l’actualité : un présage de malheur de plus ? Le magazine emblématique National Geographic, vieux de plus de 100 ans, a licencié cette semaine ses derniers journalistes restants.

• La diffusion physique des journaux et des magazines s’est effondrée depuis le milieu des années 1990. En effet, le seuil de diffusion de l’information est pratiquement tombé à zéro grâce à l’internet.
• Aux États-Unis, le nombre d’employés dans l’industrie de la presse est passé de plus de 400.000 au début du siècle à moins de 90.000 en avril de cette année. Ce déclin reflète les défis et les changements auxquels l’industrie a été confrontée, en raison des développements technologiques et des changements dans le comportement des consommateurs.

• Les marques de médias dites flexibles et natives du numérique ont également connu des difficultés. Des entreprises comme BuzzFeed, Vice et Vox ont conquis une place sur l’internet avant d’être rattrapées par la dure réalité. Cette année, elles ont toutes les trois fermé des divisions, licencié du personnel ou tout simplement mis la clé sous la porte.
• Le modèle gratuit – où les médias étaient financés à 100 % par la publicité – est, à l’exception des sites de potins, condamné.
• Quiconque analyse le top 10 mondial des marques de médias ayant le plus grand nombre d’abonnés numériques découvrira une marque seulement qui n’existait pas il y a 20 ans : la plateforme de newsletters Substack.

Voici maintenant l’intelligence artificielle

Zoom arrière : les entreprises d’information déjà bien établies ont réussi à se maintenir à flot grâce à de lourdes interventions organisationnelles et, dans notre pays, à de généreuses subventions.

• Mais l’introduction de l’intelligence artificielle fait peser une nouvelle menace sur des rédactions déjà fortement réduites.
• Robert Thomson, PDG de News Corp (photo ci-dessus) : « Premièrement, notre contenu sera collecté, copié et utilisé d’autres manières pour former les systèmes d’intelligence artificielle. Deuxièmement, notre travail individuel apparaîtra dans des recherches spécifiques. Troisièmement, notre contenu sera agrégé et présenté comme unique. Alors qu’il s’agit en fait d’une extraction de l’essence éditoriale ».
• Des procès concernant la propriété intellectuelle ont déjà été intentés ou sont en passe de l’être.
• En outre, l’IA garantit une dilution toujours plus grande de la qualité.
• Une offre d’emploi pour un « rédacteur IA » prévoit une « production de 200 à 250 articles par semaine ». ChatGPT est utilisé pour générer des sites web entiers de spam.
• Lorsque ChatGPT a été lancé l’année dernière, Stack Overflow a été la première grande plateforme à interdire sa production. Il s’agit d’un site web qui rassemble des questions et des réponses sur un large éventail de sujets liés à la programmation.
  • « Le plus gros problème est que, bien que les réponses produites par ChatGPT soient souvent incorrectes, elles peuvent avoir l’air bonnes, et ces mauvaises réponses sont très faciles à générer. »
  • Le tri des résultats prenant trop de temps, les modérateurs ont décidé d’en interdire purement et simplement l’utilisation.

Trouver la vraie qualité et la différencier de la norme, qui ne sera guère plus que du bruit

L’avenir : Dans The Verge, le spécialiste en IA James Vincent affirme que la vague actuelle de perturbations finira par apporter certains avantages.

• « À mesure que le web sera inondé de contenus générés par l’IA, il encouragera le développement de plateformes mieux financées. Car si Google produit constamment des résultats de recherche médiocres, les gens seront plus enclins à payer pour des sources auxquelles ils font confiance. Et à les visiter directement ».
• Lors du Aspen Ideas Festival, Daniel Huttenlocher, du MIT, a déclaré que l’intelligence artificielle « agit désormais comme un puissant amplificateur, nous empêchant de faire confiance à quoi que ce soit dans les textes, ainsi qu’aux images, aux vidéos ou aux enregistrements audio ».
• La principale préoccupation reste que les internautes, quelle que soit leur profession, devront faire de plus en plus d’efforts pour trouver la vraie qualité et la distinguer de la norme, qui ne sera plus que du bruit.

MB