Avec la progression de l’inflation, la Banque centrale européenne pourrait bientôt être amenée à resserrer ses politiques, annonce l’économiste en chef de l’institution basée à Francfort.
7,5% d’inflation en zone euro, sur le mois de mars, annonce Eurostat ce vendredi. L’inflation a pris un sacré coup de jus, depuis le mois de février, où elle était « seulement » à 5,9%. Avec la guerre en Ukraine et son impact sur le prix de l’énergie et des aliments, l’envolée ne semble pas prête de s’arrêter, craignent de plus en plus d’experts.
Contre l’inflation, les institutions comme les banques centrales ont une arme en main : l’augmentation des taux d’intérêt. La Fed a déjà porté les taux plus haut, et continuera à le faire les prochains mois. La Banque centrale européenne (BCE), via sa présidente Christine Lagarde, a jusqu’alors réitéré que l’inflation était temporaire et qu’une augmentation des taux d’intérêt ne serait pas en vue à court terme.
Mais le vent est en train de tourner à Francfort. Au début du mois, la BCE a annoncé réfléchir à mettre fin à son programme de rachats au troisième trimestre, ouvrant ainsi (timidement) la porte à une hausse des taux d’intérêt. Ce vendredi, suite à l’annonce de la progression fulgurante de l’inflation, l’économiste en chef de l’institution, Philippe Lane, ajoute que la BCE pourrait être amenée à « repenser sa position ».
Interrogé par CNBC, il revient d’abord sur le fin du programme de rachats d’obligations, une mesure de stimulation pour la relance post-covid. Si l’anticipation de l’inflation à moyen terme reste identique, le programme devrait bien être arrêté au troisième trimestre.
Par contre si l’anticipation se dégrade, la BCE sera amenée à repenser ses stratégies, ajoute-t-il. Or, ces derniers mois, différentes institutions, comme la Fed ou la Commission européenne, ont revu leurs anticipations de l’inflation à la hausse – et la tendance pourrait se poursuivre au vu de la situation.
Dilemme
La BCE est devant un dilemme. D’un côté, l’inflation fait rage. D’un autre, l’Europe est exposée aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine (plus que les Etats-Unis, par exemple). L’activité économique européenne est donc devant le risque d’un ralentissement, et le marasme économique de la stagflation voire de la récession guette. Un resserrement de la politique monétaire, comme la hausse des taux d’intérêt, est souvent vu comme un frein à l’activité et à la croissance.
La BCE devra donc jouer à l’équilibriste pour trouver le juste milieu. Philippe Lane sait que l’exercice est délicat : « Il y aura beaucoup de travail, beaucoup d’analyses, beaucoup de débats sur l’impact net de ces forces opposées. »