L’exode des expatriés menace la croissance économique de la région du Golfe

Les pays du Golfe persique ont perdu 4% de leur population l’année dernière. Ce phénomène est dû à un exode massif des travailleurs étrangers pendant la crise du coronavirus. C’est ce qui ressort d’un rapport du consultant S&P Global Ratings. Les chercheurs avertissent que cela pourrait rendre difficile la diversification de l’économie pour les pays de la région.

‘La proportion d’étrangers par rapport à la population indigène va continuer à baisser dans les pays du Golfe persique au cours des trois prochaines années’, note la responsable de l’étude Zahabia Gupta. ‘Ceci est principalement dû à une croissance modérée dans les secteurs non liés à l’industrie pétrolière et à la nationalisation de la main-d’œuvre.’

Capital humain

‘Sans investissements importants dans le capital humain de la population locale et sans amélioration de la flexibilité du marché du travail, de la productivité, des niveaux de revenu et de la diversification économique dans les pays arabes du Golfe, il y a un risque de stagnation à long terme’, estime Gupta.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) est une assemblée réunissant l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et Oman. Ces pays dépendent fortement des travailleurs étrangers. Ces derniers sont indispensables à un grand nombre d’industries, allant de la construction aux services financiers. ‘Les expatriés représentent près de 90% de la main-d’œuvre du secteur privé dans cette région’, indiquent les chercheurs.

Les pays du Golfe persique qui dépendent fortement de l’extraction de pétrole et de gaz sont entrés en récession au cours de l’année écoulée. Ils ont en effet dû faire face à une importante baisse du pétrole causée par la crise du coronavirus et les nombreux confinements à travers le monde. Les autres secteurs économiques ont également été touchés.

Les expatriés travaillant dans la région ont souvent un titre de séjour lié à l’emploi. Lorsque leur emploi disparaît, ils sont donc obligés de retourner dans leur pays d’origine.

Faibles revenus

‘Aucun problème majeur n’est à prévoir à court terme’, souligne le rapport. ‘La plupart des travailleurs étrangers qui sont rentrés chez eux occupaient des postes à faible revenu. Pour le moment, ces changements démographiques n’auront donc probablement que peu d’impact sur la croissance économique de la région.’

‘La production et les prix des combustibles fossiles restent pour l’instant le facteur le plus important. Cependant, l’incapacité de mettre en œuvre des réformes économiques et sociales pour accroître la valeur du capital humain est une menace à long terme.’

‘L’absence d’actions nécessaires pour la diversification de l’économie pourrait ralentir la dépendance de la région à la production de combustibles fossiles’, avertissent les chercheurs. ‘La productivité, l’efficacité et la compétitivité pourraient en être compromises. Afin de bâtir une économie forte à long terme, la région devra montrer qu’elle est prête à mettre en œuvre les réformes nécessaires.’

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