L’Europe veut sa propre constellation de mini-satellites

Alors que Starlink et Kuiper se densifient chaque mois, l’Union européenne aussi veut se lancer dans le développement d’un réseau de mini-satellites de communication. Une manière de renforcer l’autonomie du continent face à une Amérique qui a pris les devants dans ce domaine. Mais reste à trouver l’argent, les investisseurs, et à prévoir un calendrier.

Difficile de tenir la cadence alors que le rythme du déploiement spatial s’accélère, tant au niveau des acteurs nationaux que privés, mais l’Europe ne veut pas se laisser distancer. En ouverture de la quatorzième Conférence européenne sur l’espace, le commissaire européen Thierry Breton (Marché intérieur) a confirmé que la Commission présentera très prochainement son projet de constellation de satellites de communication rapporte le journal Le Soir, et ce « Dans les prochaines semaines, pas dans les prochains mois », a précisé le commissaire français.

Des milliers de machines

On évoque régulièrement le concept des constellations de satellites, ces réseaux de petits engins interconnectés qui doivent révolutionner le transfert d’informations, et surtout améliorer la vitesse de ces opérations. Mais qui suscitent aussi la polémique, certains craignant qu’ils n’encombrent trop l’orbite de notre planète, déjà fort chargé de machines et de débris des générations précédentes de satellites, augmentant ainsi le risque de collision en chaîne.

Starlink, le projet d’Elon Musk, représente déjà quelque 2.000 satellites, qui devraient en devenir 12.000 dans les années à venir. Son concurrent Jeff Bezos, avec son réseau Kuiper, en envisage 3.000 de plus dès 2026. Et c’est sans compter les différents projets militaires américains.

Galileo, un précédent qu’on attend

Dans cette course aux constellations, l’Europe craint de se retrouver dépendante des réseaux américains, et compte bâtir sa propre alternative, afin de suivre le rythme des communications, mais aussi des géolocalisations, ou du suivi des trajets des avions ou des navires, sans dépendre du bon vouloir de quelqu’un d’autre. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’Union européenne se lance dans ce genre de grands projets d’autonomie : on peut citer Galileo, le système de positionnement censé faire concurrence au GPS américain, lancé après moult tergiversations en 2001 et qui devrait être totalement opérationnel en 2024.

Le nombre total de satellites nécessaires pour le déploiement européen n’est pas encore fixé, mais le montant est déjà estimé à 5 ou 6 milliards d’euros, qu’il faudra répartir entre chaque État membre, la Commission, et les acteurs privés. L’UE fait toutefois le pari que de nombreuses start-ups y verront une opportunité à ne pas manquer. Le nombre total de satellites nécessaires au développement de ce réseau est estimé à 240, mais il n’est pas exclu que certains de ceux-ci fassent double emploi et servent aux aussi aux autres systèmes européens, Galileo et Copernicus, le réseau d’analyse et de surveillance de la Terre.

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