L’Espagne suspend le projet controversé d’agrandissement de l’aéroport de Barcelone

Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi la suspension du projet controversé d’agrandissement de l’aéroport de Barcelone, en raison d’une « perte de confiance » dans le gouvernement régional de Catalogne.

L’exécutif madrilène considère impossible de mener à bien ce projet, qui aurait transformé le deuxième aéroport du pays en « hub » intercontinental, « sans un appui sans faille » du gouvernement catalan, a annoncé devant la presse à Barcelone la ministre des Transports Raquel Sánchez.

Cette annonce surprise intervient un mois après un accord entre les deux gouvernements pour investir 1,7 milliard d’euros dans le projet.

« Nous estimons que ce pacte est rompu en raison d’une perte de confiance manifeste », a déclaré la ministre, disant avoir été « très surprise » par les déclarations critiques du président de la région de Catalogne Pere Aragonès ces derniers jours.

La ministre n’a toutefois pas complètement fermé la porte à un futur accord.

« Il est désormais clair, comme nous le soupçonnions depuis le début, que le gouvernement espagnol et AENA », l’entreprise qui gère les aéroports espagnols, « ont réalisé une opération de chantage et n’ont jamais eu la volonté d’investir en Catalogne », a réagi Pere Aragonès dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Repenser le modèle touristique

Le projet, qui prévoit la construction d’un nouveau terminal et l’agrandissement d’une des trois pistes de l’aéroport d’El Prat, a soulevé dès le début l’opposition frontale des écologistes, en raison de sa proximité avec la zone humide protégée du delta du fleuve Llobregat, au sud-ouest de Barcelone.

L’opposition au projet a progressivement gagné du terrain, ses détracteurs ralliant la maire de Barcelone et des conseillers municipaux des communes concernées, ainsi que plusieurs associations locales qui militent pour repenser le modèle touristique de la capitale catalane, l’une des villes les plus visitées d’Europe.

Plusieurs de ces collectifs ont appelé à une manifestation le 19 septembre, à laquelle certains membres du gouvernement régional prévoyaient d’assister.

Cette dissension marque un nouveau grain de sable dans les relations entre Madrid et Barcelone, après la détente qu’avait permise fin juin la grâce accordée par le gouvernement de Pedro Sanchez aux neuf indépendantistes catalans emprisonnés après la tentative de sécession de 2017.

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