L’Europe est en train de perdre la bataille contre les États-Unis dans le domaine de l’intelligence artificielle. Et contre la Chine dans le secteur des véhicules électriques. Mais elle est en tête en matière de réglementation. L’économie européenne est sous-performante non seulement en raison de la réglementation, mais également de problèmes démographiques et de coûts énergétiques. Les régulateurs américains ont tendance à agir lorsqu’il existe des preuves de problèmes préjudiciables, tandis que les régulateurs européens agiront en fonction de la possibilité de tels problèmes. Ce principe de précaution peut étouffer l’innovation.
« Les USA innovent, la Chine réplique, l’Europe régule » : plus que jamais

Why it matters?
Cette situation met en évidence un dilemme crucial pour l’Europe : comment trouver un équilibre entre la protection des consommateurs et la promotion de l’innovation et de l’investissement ? Alors que l’UE est leader mondial en matière de réglementation dans plusieurs domaines tels que la confidentialité des données et les émissions de carbone, cette approche réglementaire lourde pourrait entraver les investissements dans l’innovation et le développement technologique. Laissant l’Europe derrière ses concurrents américains et chinois.Qualité du réseau inférieure
Dans l’actualité : l’UE a dévoilé un vaste projet de loi qui interdit certains types d’IA, en réglemente strictement d’autres et impose d’énormes amendes aux contrevenants. L’Europe prend donc la tête de la régulation, sans prendre en compte l’impact sur l’innovation.
- Les réglementations strictes de l’Europe, destinées à protéger la concurrence et les consommateurs, peuvent limiter les investissements dans l’innovation. Cela concerne notamment les restrictions sur les fusions qui ont conduit à un marché des télécommunications mobiles fragmenté et la législation stricte du RGPD qui a affecté les investissements en capital-risque.
- En raison d’une réglementation lourde et de l’accent mis sur des prix à la consommation bas, l’Europe est à la traîne en matière d’investissements dans les infrastructures technologiques, telles que les réseaux 5G. Cela a à son tour des conséquences négatives pour les entreprises technologiques européennes et le secteur technologique dans son ensemble.
Zoom avant : l’Europe compte 43 groupes de télécommunications qui gèrent 102 opérateurs mobiles. Mais ils investissent moins par client que les États-Unis, qui comptent 3 groupes de télécommunications. Cela se traduit par une qualité de réseau inférieure. Cela affecte aussi le déploiement de la 5G et les performances des entreprises de télécommunications européennes telles qu’Ericsson.
- Le RGPD a imposé des exigences strictes en matière de collecte et d’utilisation des données personnelles. Ce qui a entraîné une baisse des investissements en capital-risque en Europe par rapport aux États-Unis.
Trouver un équilibre entre réglementation et innovation
Zoom arrière : outre un effet protecteur, cette lourde réglementation a surtout un impact restrictif sur l’économie européenne. Elle est aux prises avec des défis démographiques, des coûts énergétiques et, désormais, la nécessité de trouver un équilibre entre réglementation et innovation.
- Les États-Unis et la Chine intensifient leur rivalité technologique avec des investissements importants dans des secteurs stratégiques. L’Europe risque de prendre encore plus de retard si elle ne repense pas son approche de la réglementation par rapport à l’innovation.
- Il est donc urgent que l’Europe révise sa stratégie. A la fois pour créer un environnement attractif pour les investisseurs et pour rester compétitive sur la scène mondiale de l’innovation technologique.
- Ou comme le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, l’a souligné l’automne dernier :
« Si l’Europe a les meilleures réglementations, mais pas d’entreprises européennes, alors nous n’avons pas gagné grand-chose. »

(OD)