Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que la Turquie avait mis fin aux pourparlers avec la Grèce. Ceux-ci sont en cours depuis l’année dernière et, bien qu’ils n’aient guère progressé, ils constituaient un moyen pour les deux pays d’exprimer leurs frustrations sans recourir à une réponse militaire. La Turquie et la Grèce sont toutes deux membres de l’OTAN depuis 1952.
Ankara a repris les pourparlers avec Athènes l’année dernière, après une interruption de cinq ans, afin de discuter de leurs différents sur une série de questions, notamment l’exploitation des minerais en Méditerranée orientale et les revendications rivales en mer Égée. Cependant, ces pourparlers n’ont pas progressé.
« Vous continuez à faire des spectacles avec vos avions », a déclaré Erdogan mercredi. « Qu’est-ce que vous faites ? N’apprenez-vous rien de l’histoire ? » Le président faisait référence à un différend concernant l’espace aérien au-dessus des îles de la mer Égée.
Erdogan a poursuivi : « N’essayez pas de danser avec la Turquie, vous serez fatigués et coincés. Nous n’aurons plus de discussions avec eux. Cette Grèce n’est pas ouverte à la raison ».
Avions de combat F-16
La Grèce et la Turquie sont depuis longtemps en désaccord sur de nombreux sujets, notamment les frontières maritimes, l’espace aérien, les migrants et la division de l’ile Chypre en deux républiques indépendantes, dont l’une n’est reconnue que par la Turquie. La semaine dernière, les tensions se sont encore accrues lorsque Erdogan a déclaré que le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis n’existait plus pour lui, l’accusant de tenter de bloquer la vente d’avions F-16 américains à la Turquie.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré mardi que la Grèce violait les accords internationaux qui déterminent le statut démilitarisé des îles de la mer Égée. Il a averti que si Athènes ne changeait pas de cap, Ankara réagirait.
Le Premier ministre grec Mitsotakis a déclaré mardi aux journalistes, à l’issue d’un sommet de l’Union européenne, qu’il avait informé ses homologues européens de l' »agressivité » et des « provocations » de la Turquie, que la Grèce ne peut tolérer. « Je ne m’impliquerai pas dans un jeu d’insultes personnelles », a déclaré le Premier ministre. « Une nouvelle source de tension est la dernière chose dont notre région a besoin et c’est pourquoi notre pays réagit de manière calme et posée aux provocations de notre voisin. Nous n’aurons pas recours aux provocations et aux insultes ».
Le premier ministre grec a ajouté que les survols d’avions de guerre turcs au-dessus des îles grecques sont « totalement inappropriés » et que la Turquie doit comprendre que la Grèce fera appel à ses alliés dans l’Union européenne, aux États-Unis et ailleurs pour défendre ses intérêts nationaux.
Olaf Scholz appelle à la retenue
Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé la Turquie à faire preuve de retenue à l’égard de la Grèce, alors que les tensions entre les deux pays ne cessent de croître. « Le chancelier estime que, compte tenu de la situation actuelle, il est nécessaire que tous les alliés de l’OTAN fassent front et s’abstiennent de toute provocation entre eux », a déclaré un porte-parole de Scholz à Berlin.
Le ministère turc des affaires étrangères a condamné la déclaration de Scholz et a déclaré qu’Ankara continuera à défendre sa souveraineté. « Nous condamnons fermement et rejetons les déclarations sans fondement des Allemands contre notre pays », a-t-il clamé.
Adhésion à l’OTAN
Le 18 mai, la Finlande et la Suède ont présenté leur demande officielle d’adhésion à l’OTAN suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dès le départ, cependant, Erdogan a émis un avis négatif sur une éventuelle adhésion des deux pays nordiques. Selon le président turc, ces deux pays seraient des « ports d’attache pour les organisations terroristes« .
Erdogan a encore souligné cette opinion mercredi dernier. « L’OTAN est une organisation de sécurité, pas une organisation qui soutient les terroristes. »
MB