Les taux de natalité sont en chute libre : bonne ou mauvaise nouvelle ?

Rien n’est plus sûr aujourd’hui ; les projections concernant le nombre d’habitants de la planète sont révisées en permanence, cette fois non pas à la hausse mais à la baisse. Si l’environnement s’en réjouit, de nombreux économistes commencent à se demander comment cette population de plus en plus âgée sera prise en charge et comment évolueront les dettes souveraines. Tout avantage a un inconvénient, affirmait l’ancienne icône du football Johan Cruijff. C’est certainement le cas ici.

Alors que nous n’étions encore qu’un milliard en 1800, nous avons accueilli en novembre 2022 la 8 milliardième personne sur Terre. Selon un rapport des Nations unies datant de 2022, nous devrions être 10,4 milliards en 2100. Mais le célèbre rapport du Club de Rome, paru cette année, a publié de nouveaux chiffres surprenants. Nous atteindrions le « pic de population » avant 2050, bien loin du plafond de 10 milliards d’êtres humains : nous ne serions « que » 8,8 milliards au maximum.

Contextualisons : il s’agit d’une baisse des prévisions de 160 fois la population de la Belgique en 1 an.

Les membres du Club de Rome sont des prophètes de malheur bien connus – ce sont eux qui ont prédit dans les années 1970 qu’il y aurait beaucoup trop peu de nourriture pour nourrir la population mondiale – et il est donc intéressant de voir ce qui a changé récemment.

L’Afrique est dans le creux de la vague

L’Afrique, qui représente la majeure partie de l’augmentation de la population, est le meilleur exemple de cette tendance. En effet, il apparaît que le nombre d’enfants par femme dans la plupart des pays africains est en train de chuter à une vitesse stupéfiante.

Prenons l’exemple du Nigeria qui, selon les projections des Nations unies, était en passe de devenir le troisième pays le plus peuplé du monde, après la Chine et l’Inde. En 2100, il y aurait 900 millions de Nigérians, selon un rapport de 2010. Aujourd’hui, les scientifiques prévoient plutôt une population de 550 millions d’habitants, soit 350 millions de moins que prévu.

Une tendance presque identique partout

Mais d’autres grands pays observent également ces baisses avec consternation. La Chine a déjà atteint un sommet l’année dernière. La population y a baissé pour la première fois en 2021. Malgré la fin de la politique de l’enfant unique, la jeunesse chinoise souhaite toujours un minimum d’un enfant, voire pas d’enfant du tout.

En Russie, la situation est encore plus dramatique. Non seulement la guerre y provoque le chaos, mais l’espérance de vie y est de plus en baisse. Aujourd’hui, un Russe moyen ne vit que jusqu’à 64 ans, soit 18 ans de moins qu’un Japonais. La Russie, qui était jusqu’à récemment le sixième pays le plus peuplé, tomberait aujourd’hui au 15e rang. Concrètement, cela représente une baisse de 29 millions d’habitants, de 149 millions de Russes à 120 millions d’ici 2070.

Encore plus à l’Ouest

En Europe occidentale, l’Italie est en tête de la dénatalité. Seulement 393.000 bébés y sont nés l’année dernière, soit le chiffre le plus bas jamais atteint depuis 1861. Le taux de fécondité des Italiennes est toujours de 1,24 alors que, selon l’OCDE, il faut un minimum de 2,1 pour maintenir une population stable. Si cela peut les consoler, la Corée du Sud n’est plus qu’à 0,8.

En Belgique, nous sommes légèrement au-dessus de 1,5 naissance par femme avec une projection d’une durée de vie moyenne de près de 90 ans d’ici 2070, selon Statbel. Si l’on ajoute à cela notre dette publique élevée, qui atteindrait 120 % en 2028 – ce qui n’est guère mieux que l’Italie, qui est à 135 % aujourd’hui -, nous sommes assis sur une bombe démographique.

La tendance des tendances

Il est clair qu’il sera de plus en plus difficile de soutenir cette population âgée. Aujourd’hui, les jeunes sont encore en position de négocier pour obtenir des salaires plus élevés qui leur permettent de voir venir, tout en rendant possible de contrôler plus ou moins les déficits budgétaires occidentaux.

Le jour où de nombreux emplois de service disparaîtront, ce qui devient de plus en plus évident au rythme où l’IA se développe, ce soutien disparaîtra également. Il est difficile d’imaginer que les jeunes soient tous prêts à se sacrifier pour s’occuper de la population plus âgée.

Les baisses de natalité sont impressionnantes et constituent peut-être la tendance la plus importante de toutes les tendances macroéconomiques, plus importante que l’évolution des taux d’intérêt. Nos systèmes d’État ont supposé l’existence d’un nouveau groupe permanent de jeunes qui soutiendraient le système. Lorsque ce soutien disparaît, il ne reste plus que la dette. En Italie, ils ne trouvent déjà plus de médecins et les dettes explosent.


Xavier Verellen est auteur et entrepreneur.

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