Bien décidés à montrer au monde entier qu’ils ont changé – et à être reconnus internationalement – les talibans ont fait part de leur intention de représenter l’Afghanistan lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Pour l’instant, ce ne sont pas eux qui y ont été invités.
Conformément au protocole des Nations Unies, l’Afghanistan est représenté par Ghulam Isaczai, l’ambassadeur de l’ONU représentant le gouvernement afghan renversé le mois dernier par les talibans. Mais ce n’est pas du goût de ces derniers. Selon eux, M. Isaczai ne peut plus représenter l’Afghanistan à l’ONU, dans la mesure où l’ancien président Ashraf Ghani n’est plus reconnu comme le dirigeant du pays.
Le ministre des Affaires étrangères des talibans, Amir Khan Muttaqi, a envoyé une lettre ce lundi au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Avec une requête: qu’un de ses émissaires prenne la parole à l’Assemblée générale, ouverte ce mardi à New York et qui se terminera lundi prochain.
Les talibans souhaitent être représentés par leur porte-parole basé à Doha, Suhail Shaheen, afin que celui-ci prononce un discours devant l’ensemble des représentants des nations membres de l’ONU.
Qui va décider ?
C’est à présent aux neuf membres de la commission de vérification des pouvoirs de l’Assemblée générale (les États-Unis, la Russie, la Chine, la Suède, les Bahamas, le Bhoutan, le Chili, la Namibie et la Sierra Leone) de décider si la demande des talibans est recevable ou non.
Les talibans ont toutefois peu de chance de voir leur question débattue d’ici la fin de cette session. En effet, un haut fonctionnaire du département d’État américain a déclaré à l’Associated Press que le comité « prendrait un certain temps pour délibérer ». Il y a fort à parier qu’aucune décision ne soit prise d’ici lundi prochain, date limite pour que les talibans puissent profiter d’une tribune lors de l’Assemblée générale de l’ONU.
Notons que la Russie et la Chine ont développé des relations avec les talibans depuis leur prise de pouvoir en août.
De son côté, ce mardi, l’Emir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani a déclaré qu’un boycott des talibans « ne conduirait qu’à une polarisation et à des réactions, alors que le dialogue pourrait être fructueux ».
Le Qatar est devenu un intermédiaire clé en Afghanistan. Il a accueilli les pourparlers entre les talibans et les États-Unis, qui ont abouti à un accord en 2020 sur le retrait des forces de l’OTAN dirigées par les Américains.
La dernière fois que les talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan, entre 1996 et 2001, l’ambassadeur du gouvernement qu’ils avaient renversé était resté en poste en tant que représentant de l’ONU, après que la commission de vérification des pouvoirs a reporté sa décision sur les demandes concurrentes pour le poste.
Pour aller plus loin: