Les résidences de luxe de Londres ont le vent en poupe: elles sont devenues le refuge préféré des criminels

Un rapport de l’Agence nationale britannique qui lutte contre la criminalité révèle que les maisons de luxe londoniennes sont devenues le passe-droit par excellence des étrangers pour blanchir de l’argent. 

Les résidences londoniennes sont fort appréciées des étrangers, mais pas seulement pour leur architecture et leur confort… Et si le phénomène est bien connu depuis quelques années, il n’a pas connu d’exception en 2020.

Selon The Guardian, un compte-rendu rédigé par le Trésor et le ministère britannique de l’Intérieur relève une augmentation du nombre d’acheteurs étrangers et des flux suspects de trésorerie vers le marché immobilier britannique. ‘Des grosses sommes d’argent peuvent être transférées en une fois, ce qui est très attrayant pour ces criminels’ indique le rapport. 

Les maisons de luxe de Londres, réputée pour être des propriétés de haut standing, ont toujours attiré les acheteurs étrangers. Ces constructions prestigieuses sont une aubaine pour ceux qui souhaitent se noyer dans la masse et blanchir leur argent. 

Des ‘affaires complexes’

En 2015 déjà, une étude révélait que près de 9% des propriétés luxueuses de Londres étaient détenues par des sociétés offshores. Le nombre d’activités suspectes autour de ces maisons a aussi augmenté de 21% entre 2017 et 2018 (soit 861 dossiers supplémentaires à analyser). 

Mais au cours de ces dernières semaines, l’Agence nationale de la lutte contre la criminalité a relevé quelques irrégularités supplémentaires, à tel point qu’elle a décidé de geler les avoirs de ces maisons pour tenter de déterminer d’où venait l’argent injecté dans ces logements. 

Une maison d’une valeur de 50 millions de livres sterling surplombant Hyde Park a également été saisie dans le cadre de ce dossier. ‘Ces affaires sont très complexes, et la fréquence à laquelle elles sont constatées ne facilite pas l’enquête’ indique le rapport. Pour la police, les enquêtes sont en effet particulièrement compliquées à mener, car il est difficile de pousser, par exemple, les îles Vierges britanniques à révéler l’identité du détenteur d’une société.

Bien sûr, l’utilisation d’une société offshore pour acheter une propriété ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit de blanchiment d’argent, ni même d’évasion fiscale. Mais la police britannique confirme que l’immobilier de luxe à Londres est l’un des ‘canaux’ préférés pour légitimer des sommes volées.

Des agents corrompus?

D’après le rapport, plusieurs agents immobiliers seraient également impliqués dans l’affaire. Le compte-rendu révèle que cette année, la moitié des agents qui ont vendu des logements dont la valeur dépasse les 5 millions de livres sterling ne se sont pas enregistrés auprès du HM revenue and Customsen en 2019, soit le département en grande partie responsable de la collecte des taxes et du paiement de certains services fournis par l’État, ainsi que des cotisations à la sécurité sociale britannique.

Le rapport souligne également les chiffres communiqués par le Transparency International, une organisation qui estime qu’en 2020, des biens à hauteur de 5 milliards de livres, ont été acquis de façon suspecte. 

À qui la faute?

Pour chaque transaction immobilière, au moins un agent immobilier, un notaire et une banque ont été mobilisés. Si les établissements bancaires semblent prendre le travail de lutte contre le blanchiment d’argent de plus en plus au sérieux, les agents immobiliers sont en revanche particulièrement passifs. Car la loi ne leur demande que de se renseigner sur le vendeur, pas sur l’acheteur. Ce dernier est en principe supervisé par son notaire.

Transparency International affirme que pour s’attaquer aux problèmes, le gouvernement britannique devrait réformer son droit des sociétés et obliger les sociétés étrangères à révéler la véritable identité des nouveaux propriétaires. 

‘Nous savons depuis des années que des sociétés offshore ont utilisé nos maisons haut de gamme pour blanchir leur argent sale, il est donc grand temps que cette menace soit reconnue comme il se doit. Les ministres devraient tenir compte de cette analyse et légiférer pour une plus grande transparence du marché immobilier’, inique le rapport du Transparency International.

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