Le point chaud de la crise sanitaire derrière nous, le politique reprend ses droits, aussi bien dans les négociations fédérales que dans les projets de relance économique. PS, Ecolo et MR ont présenté tour à tour leur plan anti-crise.
Après la crise sanitaire (du moins sa première vague), la crise économique. Selon les projections, quelque 180.000 emplois seraient menacés sur notre territoire. Certaines entreprises ne pourront pas se relever d’un tel passage à vide dans leur tiroir-caisse, et toutes n’ont pas l’influence de Brussels Airlines.
Pour faire face à ce défi qui touche la plupart des secteurs d’activité, il sera sans doute plus difficile que de simplement transférer ces chômeurs vers les soins de santé, comme le suggérait Maggie De Block (Open VLD) dans une nouvelle sortie polémique (la ministre est maintenant inaudible quoiqu’elle propose). Il est donc temps pour les partis de se positionner.
PS
Le PS et Paul Magnette voient en l’Allemagne et les pays scandinaves les exemples à suivre. Un simple ajustement ne sera pas suffisant pour relancer une activité aux abois. Pour le président socialiste, il faut agir dès maintenant et ne pas attendre septembre, l’objectif de la formation d’un gouvernement fédéral.
Il envisage un ‘paquet global’ de l’ordre de 10% du PIB. Soit un plan de relance de l’ordre de 30 à 50 milliards d’euros. Il pourrait soutenir la consommation, mais aussi des mesures ciblées pour l’horeca, le tourisme, la culture ou encore l’événementiel, les secteurs les plus touchés par la crise.
Mais pour l’heure ce sont des idées très générales qui sont évoquées: investissements publics dans la mobilité, les infrastructures, les économies d’énergie…
Ecolo
Du côté des verts, on veut déployer un plan ‘anti-faillites’ pour les PME et les indépendants. Deux cibles qui constituent le tissu économique belge et qui sont sans doute plus fragiles que les grandes entreprises. Selon la dernière enquête de l’ERMG (Economic Risk Management Group), 87% des entreprises belges enregistrent une forte baisse de leurs ventes et la faillite est considérée comme très probable pour 9%. Ecolo vient avec des mesures beaucoup plus concrètes.
Sont proposés:
- Une allocation ‘redéploiement’ qui prolongerait le droit passerelle (revenu de remplacement) des indépendants durant 6 mois. Une proposition de loi est déjà sur la table.
- La nomination d’un médiateur ‘anti-faillites’ (identifier les secteurs les plus touchés et coordonner l’action entre le fédéral et les entités fédérées).
- La prolongation du moratoire sur les faillites jusqu’au 31 décembre 2020.
- Un crédit d’impôt de 50% sur les loyers commerciaux.
- L’activation de l’épargne des citoyens qui dort souvent sur un compte.
- L’encouragement de la reprise d’une PME en difficulté.
‘Un véritable bouclier anti-faillites pour les PME et les indépendants, indispensable pour éviter les cessations d’activité et les pertes d’emplois’, commente le député fédéral Gilles Vanden Burre.
MR
Au MR, on veut jouer sur la fiscalité. Le président des libéraux Georges-Louis Bouchez dit ne pas vouloir s’arrêter à un plan de relance d’urgence, ‘il faut une véritable vision pour l’avenir, avec des stratégies structurantes’. Voilà pour le choix des mots.
Le président du MR vise une ‘gigantesque baisse d’impôts’ sur le travail pour les bas et moyens revenus, sans toutefois préciser les montants: ‘C’est à négocier avec les autres partis’, ajoute Georges-Louis Bouchez, tout en taclant les socialistes: ‘Une baisse d’impôts, le genre de mesures que ne risque pas de proposer le PS.’
Cette discussion ne pourra se concrétiser que dans le cadre d’un gouvernement de plein exercice. Les négociations ne s’annoncent pas simples, mais rien de neuf sous le soleil.
Plus concrètement, GLB pense à une reconversion des chèques existants (tickets restaurants, écochèques…) vers une forme de consommation plus locale, ‘Becash’. Le président du MR n’hésite pas à s’attaquer aux géants du numérique via une taxe GAFAM, ‘sans attendre’ le niveau européen. Le libéral n’est par ailleurs pas contre un réinvestissement dans le secteur des soins de santé, mais réfute l’idée d’un secteur abandonné à son sort.
Trois plans de bonne volonté sur le papier, mais qui devront se réaliser rapidement et concrètement. Les économistes ne prévoient pas de retour à la normale avant 2023. Des mesures significatives pourront corriger le tir.