Le mois de janvier était pourtant très prometteur, mais l’année 2018 s’achève en cauchemar pour les personnes les plus fortunées de la planète : l’effondrement des marchés auquel nous avons assisté cette année leur a fait en effet perdre 511 milliards de dollars (environ 448 milliards d’euros).
C’est ce que rapporte Bloomberg, sur base des calculs de son « Bloomberg Billionaires Index« , qui suit les patrimoines des 500 personnes les plus riches de la planète.
Une fortune cumulée de 4700 milliards de dollars
Vendredi dernier, la valeur cumulée de ces patrimoines était tombée à 4700 milliards de dollars (environ 4121 milliards d’euros), contre 5200 milliards au début de cette année. Ce n’est que la seconde fois en 6 ans qu’ils se sont érodés au cours de l’année, plutôt qu’accrus, précise l’agence de presse. Elle ajoute que l’année avait pourtant bien commencé pour les moguls, magnats et autres multi-milliardaires, puisque jusqu’à la fin du mois de janvier, leur fortune avait poursuivi sa phase ascendante, pour culminer à 5600 milliards de dollars.
Mais les craintes d’une possible guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, associées au ralentissement des économies émergentes, ont eu raison de la confiance excessive des marchés financiers. Ceux-ci s’inquiètent de plus en plus d’un marasme économique mondial, y compris aux Etats-Unis, et les cours des actions s’en ressentent : l’indice mondial des actions de 47 pays, le MSCI, a perdu plus de 10 % de sa valeur cette année.
Une déconfiture globale
La bérézina a été globale. Ainsi, Mark Zuckerberg, classé N°7 sur la liste, avec une fortune évaluée à 49,7 milliards de dollars à ce jour, est le plus gros perdant de l’année. Sa fortune s’est effondrée de 23 milliards de dollars. Le milliardaire chinois Wang Jianlin, à la tête du Dalian Wanda Group, la plus grande société de développement immobilier de Chine et la plus grande chaîne de salles de cinéma du monde, a quant à lui vu ses avoirs fondre de 11,1 milliards de dollars ; Jack Ma, le fondateur du géant chinois du e-commerce, Alibaba, le talonne avec une perte de 10,5 milliards de dollars, ce qui fait d’eux respectivement les 4e et 5e plus gros perdants de l’année.
Au Moyen-Orient, les super-riches saoudiens ont eu une année particulièrement difficile, en raison de la répression exercée par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) contre la corruption. Le prince Al-Waleed bin Talal, surnommé « le Warren Buffett du Moyen-Orient« , a vu 3,4 milliards de dollars de sa fortune s’envoler en fumée cette année. Depuis 2014, sa fortune a perdu 60 %. Le prince faisait partie d’un groupe de princes, d’anciens ministres et d’hommes d’affaires que MBS avait fait emprisonner au début de l’année 2017. Ceux-ci n’avaient pu obtenir leur libération qu’en échange d’une partie de leur fortune, qui pouvait atteindre 70 % dans certains cas.
L’Europe particulièrement touchée
La conjoncture économique difficile en Europe et en Asie n’a pas épargné les super-riches européens, qui ont quasiment tous vu leur fortune s’éroder cette année, du fondateur de Zara, Amancio Ortega, classé 5e homme le plus riche du monde, qui accuse la seconde plus forte baisse du classement (-16 milliards de dollars), à l’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi (-1,63 milliard de dollars), en passant par l’Allemand Goeorg Schaeffler, actionnaire majoritaire du producteur de pièces automobiles Continental AG, qui accuse la 3e plus grosse perte (-.13,6 milliards de dollars).
Sur le plan sectoriel, ce sont surtout les industriels (-79 milliards de dollars cumulés) et les milliardaires du commerce de détail (-75 milliards de dollars) qui ont pâti de la chute des cours. Mais le secteur technologique n’a pas été épargné non plus, avec une perte globale de 55 milliards de dollars.
Bezos s’en tire bien, comme Elon Musk
Toutefois, l’année n’a pas été totalement catastrophique pour tout les membres de la liste. L’homme le plus riche du monde, le fondateur du site de e-commerce américain Amazon, Jeff Bezos, parvient à réaliser la plus forte progression de fortune du classement, avec un gain de plus de 16 milliards de dollars. Mais cela ne représente qu’une fraction des 69 milliards de dollars qu’il avait gagnés sur l’année au mois de septembre. Il termine l’année avec une fortune estimée à 115 milliards de dollars.
En Europe, le Français Bernard Arnault, propriétaire du groupe spécialisé dans le luxe LVMH, tire son épingle du jeu, avec un gain de plus de 4 milliards de dollars sur sa fortune maintenant estimée à 67,3 milliards de dollars, qui fait de lui le 4e homme le plus riche du monde. De même, les moguls de l’énergie russes, Leonid Mikhelson, Gennady Timchenko et Vagit Alekperov n’ont pas eu une mauvaise année, puisqu’ils ont ajouté globalement 9 milliards de dollars à leur fortune.
Enfin, notons qu’Elon Musk, le flamboyant CEO de Tesla, classé 29e, fait partie du groupe des milliardaires relativement épargnés par la bérézina boursière de 2018. Il termine l’année avec un patrimoine de 23,6 milliards de dollars, soit 3,52 milliards de plus qu’à la même époque l’année dernière.