Le fait que l’Allemagne dépende de l’approvisionnement de la Russie pour la moitié de son gaz naturel est un levier stratégique que le président russe Vladimir Poutine peut exploiter au maximum. Un levier que l’UE, y compris le chancelier allemand Olaf Scholz, souhaite neutraliser le plus rapidement possible. Les Pays-Bas viennent immédiatement en aide à leurs voisins de l’est.
L’entreprise publique néerlandaise Gasunie, qui gère l’infrastructure énergétique aux Pays-Bas et en Allemagne, a annoncé lundi des mesures visant à « préserver la sécurité de l’approvisionnement en gaz aux Pays-Bas, en Allemagne et en Europe ».
Concrètement, il s’agit de la construction d’un nouveau terminal de stockage de GNL (gaz naturel liquéfié) et d’énergie durable à Brunsbüttel, à l’embouchure de l’Elbe. Gasunie espère commencer la construction du terminal avant la fin de l’année. Outre le GNL, le terminal sera également adapté à l’importation d’hydrogène vert. Le gaz naturel liquéfié peut être importé des États-Unis ou du Qatar, par exemple, mais aussi du Japon.
Long terme
L’Allemagne ne dispose pas d’un tel terminal de stockage (alors que la Belgique, par exemple, dispose d’installations de pointe à Zeebrugge depuis 1987 déjà) et veut maintenant rattraper ce retard avec deux nouveaux terminaux GNL à une vitesse fulgurante, a annoncé M. Scholz dans son discours au parlement allemand dimanche. Il faudra un an ou deux pour qu’un tel terminal soit pleinement opérationnel.
Gasunie étudie également les possibilités d’augmenter encore la capacité d’importation de GNL aux Pays-Bas avant la fin de l’année, sans donner de détails. « Gasunie prend ces mesures en étroite collaboration avec les gouvernements néerlandais et allemand », a déclaré l’entreprise, qui souhaite « construire de nouvelles infrastructures énergétiques aussi rapidement que possible ».
Nord Stream 1 et 2
Entre-temps, les analystes tiennent compte du fait que le gazoduc Nord Stream 2 pourrait ne jamais devenir opérationnel, suite à la vive réaction de l’UE à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette deuxième ligne russo-allemande aurait pu alimenter généreusement l’Allemagne en gaz russe,
« Il est clair que cette guerre a des conséquences sur la politique énergétique européenne », a déclaré Han Fennema, le PDG de Gasunie, dans un communiqué. Il suspend son travail au sein du comité des actionnaires du consortium à l’origine de Nord Stream 1 (premier gazoduc entre la Russie et l’Allemagne), dans lequel Gasunie détient une participation de 9%. « En outre, la coopération dans le domaine du partage des connaissances et du développement scientifique est également gelée. »
Le producteur de gaz russe Gazprom restera bien sûr un fournisseur important de l’Allemagne jusqu’à nouvel ordre. Mais l’Allemagne doit maintenant pouvoir se retourner après avoir abandonné largement le nucléaire.
De son côté, Gasunie déclare qu’elle « réduira les contacts opérationnels avec les entreprises russes au niveau minimum nécessaire pour faciliter la sécurité de l’approvisionnement des Pays-Bas et de l’Europe via notre infrastructure ».