Les pannes massives en Californie et au Texas montrent à quel point le réseau électrique souffre déjà de la crise climatique

En Californie, les feux de forêt et les vagues de chaleur ont contraint les autorités à couper l’électricité à plusieurs reprises ces dernières années. La semaine dernière, le Texas a découvert que les tempêtes hivernales meurtrières et les froids intenses pouvaient faire de même. Des millions de Texans ont été plongés dans l’obscurité lorsque le réseau électrique de l’État n’a pas pu supporter la vague de froid historique. Les crises en Californie et au Texas sont de portée et de gravité différentes. Mais les experts affirment que les pannes de courant dans les deux États montrent clairement une chose: aucun des deux n’est préparé au chaos de la crise climatique.

Les deux plus grands États américains ont adopté des approches très différentes pour gérer leurs besoins énergétiques. Le Texas a dérégulé le secteur de manière agressive pour permettre au libre marché de prospérer. La Californie a, quant à elle, imposé des réglementations environnementales. Pourtant les deux États vivent la même situation: ils ne sont pas prêts à faire face à la fréquence et à la gravité des catastrophes provoquées par la crise climatique.

Les pannes d’électricité au Texas et en Californie ont montré que les réseaux électriques saturaient et se déconnectaient rapidement lorsqu’il fait extrêmement chaud ou froid. En outre, pendant ces périodes, les scientifiques estiment que les gaz à effet de serre restent plus longtemps dans l’atmosphère, ce qui aggrave la crise climatique. Ces événements soulignent également le défi de Joe Biden pour réussir à moderniser le réseau électrique. D’ici 2035, il faudrait qu’il fonctionne qu’avec des sources renouvelables (vent, soleil, courants d’eau, etc.).

Un défi particulièrement important pour Joe Biden

Le gouvernement fédéral et les entreprises énergétiques vont devoir dépenser des milliers de milliards de dollars afin de concrétiser ce projet. Le réseau sera ainsi remis à jour et la part des combustibles fossiles diminuera. L’idée n’est toutefois pas récente. Cela fait longtemps que les scientifiques préviennent des risques qui pèsent sur la distribution d’électricité aux États-Unis.

Il reste maintenant à voir ce que Joe Biden sera capable de faire. Surtout quand on sait que les réseaux sont principalement gérés au niveau des États. Le fédéral n’a que très peu son mot à dire sur son exécution. Le président pourrait même ne pas être en mesure de réunir une majorité au Congrès pour faire adopter un plan climatique ambitieux, étant donné l’emprise limitée des démocrates sur le Sénat et la forte opposition de la plupart des républicains face aux politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les difficultés de Joe Biden se voient déjà dans les rumeurs autour des coupures de courant. Le manque d’électricité au Texas a été utilisé par les républicains de Californie et du Texas pour affirmer les sources d’électricité renouvelables ne sont pas suffisamment efficaces. Les experts en énergie, les opérateurs de réseau et les dirigeants des services publics ont nié cela. Les pannes dans les parcs solaires et éoliens ont joué un rôle dans la crise. Mais celui-ci est bien moindre que les défaillances dans les centrales à combustibles thermiques, qui n’avaient pas bien planifié ces événements météorologiques.

Centrales au charbon et au gaz

Le fait que les États du Texas et de Californie soient les deux plus touchés par les catastrophes climatiques montre que les idéologies simplistes sont souvent fausses. Le Texas a choisi de faire confiance aux forces du libre marché pour équilibrer son réseau électrique. L’idée est que si l’offre n’est pas suffisante, le prix de l’électricité sur le marché de gros augmente, ce qui devrait inciter les entreprises à produire plus d’électricité, et les entreprises et les consommateurs à en consommer moins. La Californie a imposé de son côté une surproduction d’électricité qui permettrait de supporter les événements climatiques. Pourtant, les deux systèmes se sont révélés inadéquats dans des circonstances extrêmes.

Leur problème commun est que de nombreuses centrales électriques traditionnelles ne sont tout simplement pas capables de supporter des conditions météorologiques extrêmes. Les centrales électriques au charbon et au gaz déraillent quand il fait trop chaud ou trop froid. En août dernier, plusieurs centrales au gaz ont dû être mises hors service, alors que les climatiseurs californiens fonctionnaient de plus en plus fort. Pour éviter les drames, la Californie a même demandé aux gestionnaires des centrales de créer de fausses ‘pannes’. Des centaines de milliers de personnes se sont vues couper l’électricité pour éviter que des installations ne prennent feu sous le coup de la chaleur.

Au Texas, de nombreuses centrales au gaz ont été déconnectées du réseau ou ont dû réduire leur production à cause de pannes provoquées par les conditions climatiques. D’autres entreprises n’ont pas pu recevoir suffisamment de gaz à cause de la production qui a été ralentie par la tempête.

Surprise! Vraiment?

Le secteur électrique utilise les moyennes annuelles pour estimer leur production. Il devrait plutôt regarder les moyennes saisonnière afin de modifier la gestion de la distribution. Les pénuries pourraient alors être en partie évitées en cas de forte chaleur ou d’un hiver glacial. Par exemple, pour les centrales nucléaires, les gestionnaires savent qu’elles résistent bien au froid, mais qu’elles ont plus de difficultés avec la chaleur. L’eau ne parvient plus, sous de fortes températures, à refroidir certaines parties de l’installation. Ils doivent donc arrêter leurs décisions en prenant ce facteur en compte.

Les températures extrêmes n’auraient pas dû surprendre les opérateurs du réseau. Les données météorologiques historiques ont montré une augmentation marquée du nombre de jours de fortes chaleurs au cours des dernières décennies. Les États-Unis ont également connu cinq grandes vagues de froid depuis 2011. Le vortex polaire de 2014 avait réduit la production d’électricité de 25% dans le pays.

Et ces événements pourraient se multiplier à l’avenir. Certains climatologues pensent qu’un réchauffement de l’Arctique pourrait être responsable de tempêtes hivernales plus violentes. Ce risque est donc à prendre en compte, même si les hivers devraient être généralement plus doux.

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