Les ministres européens de l’énergie tiennent une réunion d’urgence, mais dans notre pays, tout le monde s’interroge sur la sortie du nucléaire

La réunion d’urgence des ministres européens de l’énergie porte essentiellement sur les défis logistiques : ils discutent de la manière de reconstituer rapidement les stocks de gaz dans l’Union européenne et de faire face à un éventuel choc énergétique. La question principale est de trouver d’autres fournisseurs stratégiques, si la Russie cesse effectivement de fournir du gaz ou du pétrole.

  • Le gaz de Norvège ou des pays arabes sont des options possibles, de même que le gaz de schiste américain. Ce n’est pas un hasard si, pas plus tard que ce week-end, l’Allemagne a annoncé la construction de deux terminaux GNL géants, qui seront approvisionnés par voie maritime depuis ces pays. Mais leur construction prendra plusieurs années.
  • Par ailleurs, Tinne Van der Straeten (Groen) a présenté sa proposition de geler les prix du gaz en Europe. Elle en a discuté avec son homologue espagnol, qui fait partie du gouvernement très à gauche dirigé par le Premier ministre Pedro Sanchez. L’Espagne s’est attaquée au secteur de l’énergie en imposant de lourdes taxes aux compagnies pétrolières et gazières pour réduire les factures. Mais cette approche n’est pas suivie dans toute l’Europe : il n’est pas certain que la proposition de Mme Van der Straeten ait la moindre chance d’aboutir ailleurs en Europe, dans le contexte actuel.
  • Dans le même temps, la ministre écologiste subit une pression énorme pour opérer un virage à 180 degrés sur le dossier de l’énergie dans son propre pays. Le fait que les Verts allemands changent de cap par rapport à l’énergie nucléaire n’a pas échappé à Egbert Lachaert, le président de l’Open VLD, qui a immédiatement tweeté à ce sujet. Les libéraux continuent de faire pression pour que les centrales nucléaires restent ouvertes.
  • « Bientôt, il ne s’agira plus de deux, mais de sept centrales nucléaires » : c’était la blague qui circulait au sein de la Vivaldi ce week-end. Mais désormais, tout le monde a pu assister au volte-face allemand.
  • Van der Straeten et d’autres au sein de Groen s’en tiennent à leur ligne de communication : le plan A reste le premier choix, donc la fermeture des centrales. « La prolongation reste possible, bien que pour nous ce soit un scénario peu probable », ont-ils réitérés fermement.
  • En ce sens, l’interview du week-end de la vice-première ministre écologiste, Petra De Sutter, dans De Tijd est révélatrice. Elle non plus n’a pas mâché ses mots : « Il ne semble pas que la crise ukrainienne soit près de s’éteindre. Bien sûr, nous devons nous interroger sur notre dépendance à l’égard de la Russie. Mais aujourd’hui, elle est plus importante pour le pétrole et l’uranium que pour le gaz. C’est précisément pour réduire notre dépendance que nous avons besoin de la sortie du nucléaire. Ce sont de vieilles technologies qui freinent les investissements dans les technologies nouvelles et renouvelables. »
  • Seulement, la grande question est de savoir si les écologistes veulent et peuvent réaliser l’ultime forcing, et provoquer une crise gouvernementale sur le sujet. De Sutter n’a pas sous-entendu que l’atmosphère était propice à un départ : « Il serait irresponsable de dire maintenant : nous démissionnons », a-t-elle déclaré.
  • D’ailleurs, selon La Libre, le bureau de recherches en ligne Quorum a réalisé un sondage auprès de 755 Belges ces derniers jours. Ces sondages en ligne ne sont pas du même niveau que les sondages classiques sur les intentions de vote, mais les résultats sont tout de même éloquents.
  • « Le conflit en Ukraine signifie-t-il que nous devrions reporter la fermeture de toutes les centrales nucléaires d’ici 2025 ? », leur-a-t-il été demandé.
    • Pas moins de 67% des Belges ont répondu « certainement » ou « probablement ». Seuls 33 % ont répondu « certainement pas » ou « probablement pas ».
    • Les différences sont également communautaires : 71% des Flamands souhaitent que les centrales restent ouvertes, contre 63% des Wallons et 56% des Bruxellois.
    • Des sondages antérieurs ont également montré qu’une majorité de Belges souhaite que les centrales restent ouvertes.
Plus