Les voitures électriques ont la cote, surtout auprès des investisseurs qui n’hésitent pas à mettre leurs billes dans des entreprises dédiées. De quoi pousser les fabricants automobiles à multiplier leurs infrastructures, sans forcément prendre en compte un important problème : l’offre du lithium – composant essentiel des batteries des véhicules électriques – ne suit pas.
Les soucis au sein de la chaine d’approvisionnement sont l’occasion de rappeler que les pénuries en amont peuvent avoir d’importantes conséquences sur les marchés mondiaux. C’est ainsi que la pénurie de bois de construction rend l’approvisionnement en palettes de bois difficile, de même qu’un manque d’aluminium aura un impact sur les canettes de boissons dans les magasins. Une logique qui s’applique également aux véhicules électriques dont les batteries actuelles reposent essentiellement sur le lithium.préc
Un métal dont la demande a explosé ces dernières années, à mesure que les voitures électriques (VE) gagnaient du terrain. De quoi booster les investissements pour en produire plus. Un problème majeur se pose tout de même : les investissements dans les usines de VE et usines de batterie dépassent ceux dans l’extraction de lithium.
Un déséquilibre de taille
« Il y a un déséquilibre très important », a déclare Keith Phillips, PDG de la société minière Piedmont Lithium, en faisant référence à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des VE. « Il y a une immense quantité de capitaux consacrés à la construction d’usines de véhicules et de batteries, et il n’y a pas assez de capitaux consacrés à la production de lithium… Cela signifie que beaucoup [d’usines de VE et de batteries] seront vides. »
Les investissements dans la chaine d’approvisionnement des véhicules électriques augmentent deux fois plus vite que l’extraction et le traitement en amont du lithium, selon le cabinet de conseil en matériaux de batterie Benchmark Minerals. De quoi provoquer un important déséquilibre entre les deux, mais surtout une pénurie du métal.
« Quelque chose de radical doit se produire pour combler cet écart si l’un des piliers clés de la [transition énergétique] doit exister à grande échelle », a tweeté Simon Moores, PDG du cabinet de conseil.
Pourquoi un tel déséquilibre ?
Comment se fait-il que les investisseurs ne se pressent pas pour financer l’extraction et le traitement du lithium, alors que, de toute évidence, la demande va continuer d’exploser au cours des prochaines années ? Plusieurs facteurs expliqueraient cela, liste Quartz.
- Développer de nouvelles exploitations de lithium prend du temps. Outre la construction des infrastructures, obtenir les autorisations nécessaires n’est pas simple, surtout dans certaines régions du monde.
- Les constructeurs de véhicules électriques n’ont pas pris en compte l’énormité de la demande de lithium, estime Keith Phillips. « Par le passé, ces constructeurs automobiles n’ont pas eu à faire face à des difficultés pour se procurer des volants, des pare-brise ou des sièges. Ils n’ont jamais vraiment connu de pénurie à ce niveau », a-t-il déclaré.
Un point qui est en train de changer, semble-t-il. Du côté de Tesla, leader du secteur, on se rend bien compte qu’il y a un problème. Son PDG, Elon Musk, envisage même de se lancer dans l’extraction de lithium, afin de sécuriser les approvisionnements de Tesla et maitriser les couts.
Une chose est sûre, il va falloir mettre les bouchées doubles pour développer suffisamment d’exploitation de lithium – la Terre ne manque pourtant pas de mines – pour répondre à la demande croissante exacerbée par l’engouement pour les voitures électriques. Un engouement qui ne devrait cesser de croitre, à mesure que la transition énergétique sans énergies fossiles se fera.