Selon un nouveau rapport de la Commission européenne, près de la moitié du territoire européen risque d’être touché par une sécheresse grave et persistante.

Une évaluation de la situation de la sécheresse en Europe, publiée lundi dernier par le Centre commun de recherche, dresse un tableau sombre des mois secs à venir. Le rapport montre que pas moins de 46 % du territoire européen souffre actuellement d’une grave sécheresse, dont 11 % à un niveau « critique ».

Le manque d’humidité dans le sol cause un stress considérable à la végétation, ce qui exerce une pression toute aussi importante sur les systèmes agricoles en Europe et suscite des inquiétudes quant à l’impact sur les rendements des cultures.

Une nette tendance à la hausse

L’évaluation identifie la France et les régions méditerranéennes, y compris l’Italie, l’Espagne et le sud de la Grèce, comme les zones les plus touchées.

En outre, les chercheurs soulignent la nette tendance à l’augmentation du nombre de sécheresses en Europe. « La grave sécheresse à laquelle plusieurs régions d’Europe sont confrontées depuis le début de l’année s’étend et s’aggrave. La disponibilité de l’eau pourrait même être compromise dans les mois à venir », peut-on lire.

« Nous constatons problème sur problème », a déclaré Serge Zaka, agroclimatologue de la société française d’agronomie ITK. « Nous avons affaire à la fois à un impact du stress thermique et du stress hydrique. Par exemple, la chaleur provoque un stress chez les vaches laitières, ce qui entraîne une baisse de la qualité du lait. En outre, l’équilibre hormonal est également affecté par la température extrême, ce qui a une incidence sur la fertilité des animaux. »

La production alimentaire gravement affectée

Avec la vague de chaleur intense, les experts en climatologie et en agriculture préviennent que les efforts des agriculteurs européens, qui ont fourni un travail sérieux cette année pour combler le vide laissé par la guerre en Ukraine, pourraient être vains.

Par exemple, le ministre espagnol de l’Agriculture a fait remarquer que le pays devait initialement produire 20 millions de tonnes de céréales. Toutefois, en raison des « conditions climatiques exceptionnelles », ce chiffre est tombé à environ 17 millions de tonnes.

Une « baisse drastique des rendements des cultures » est donc attendue dans presque tous les secteurs de l’agro-industrie, ce qui met en danger la sécurité alimentaire, Euractiv cite le ministre hongrois de l’Agriculture, qui a participé à une réunion des ministres européens s’occupant de cette compétence lundi dernier.

Niko Wanders, hydrologue à l’université d’Utrecht, estime que l’écosystème européen « pourrait s’effondrer sous la pression » et qu’il est clair que « la situation se détériore dans tous les domaines. »

(JM)