« Les Etats-Unis sont le meilleur endroit pour blanchir de l’argent », et c’est Janet Yellen qui le dit

Dans un discours prononcé à l’occasion du Sommet de la Démocratie, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a eu des mots forts à l’égard du système financier de son pays, ou du moins de certains de ses Etats. Pour elle, il faut arrêter d’uniquement pointer du doigt les petits pays réputés pour être des paradis fiscaux. Il y a aussi un grand coup de balai à passer aux Etats-Unis.

Bermudes, îles Caïman, Singapour ou, beaucoup plus près de chez nous, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse: certains pays ont la réputation (généralement justifiée) d’être des paradis pour tout qui désire dissimuler de l’argent au fisc ou en blanchir. Et ils sont régulièrement pointés du doigt. Mais, selon Janet Yellen, les Etats-Unis auraient une fâcheuse tendance à voir la paille dans l’œil des leurs voisins mais pas la poutre dans le leur.

« Il y a des raisons de penser, qu’à l’heure actuelle, le meilleur endroit pour cacher et blanchir des gains acquis frauduleusement est en fait les États-Unis », a déclaré ce jeudi la secrétaire américaine au Trésor.

Pour elle, l’idée selon laquelle les fonds émanant de la corruption ou des activités illégales ne sont envoyés que vers les « pays disposant de réglementations financières souples et secrètes », sont plutôt susceptibles de « passer – ou d’atterrir – sur nos marchés ».

De l’argent sale « caché dans les gratte-ciel de Miami ou de Central Park »

Dans son discours, Mme Yellen a tenu à dénoncer la règlementation trop permissive de certains Etats américains, tels que le Delaware. Ceux-ci autorisent la création de sociétés-écrans sans que l’on sache à qui elles appartiennent réellement. Il y a donc lieu, pour elle, de « braquer les projecteurs » sur « les zones d’ombres » aux États-Unis.

Cette « alchimie financière… tourne en dérision nos institutions libres et équitables », a-t-elle dénoncé.  

En outre, la secrétaire américaine au Trésor a fustigé le « système de fiscalité défaillant des États-Unis, qui permet aux personnes les mieux payées et aux plus grandes entreprises de rester impunies en cas de fraude ».

Il y a bientôt un an, le Congrès avait adopté une loi imposant aux sociétés américaines de déclarer au gouvernement fédéral leurs bénéficiaires effectifs. Objectif: créer une base de données pour enregistrer les « propriétaires effectifs » de toutes les entreprises et de nombreuses fiducies, c’est-à-dire toute personne qui possède 25% d’une entreprise ou peut prendre des décisions pour l’entreprise.

Une règlementation similaire s’appliquera également aux transactions immobilières, « parce que de nombreux acteurs corrompus peuvent cacher leur argent dans les gratte-ciel de Miami ou de Central Park », a dénoncé Mme Yellen, les qualifiant de « laveries automatiques du 81e étage ».

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