Les Émirats arabes unis passent au weekend occidental le samedi et le dimanche pour distancer l’Arabie saoudite

Le passage des Émirats arabes unis au weekend occidental le samedi-dimanche permet à ce pays parmi les plus influents du Golfe de garder une longueur d’avance sur ses concurrents régionaux, en particulier l’Arabie saoudite, estiment des experts.

Avec l’abandon du weekend le vendredi, jour de la grande prière dans les pays musulmans, les Émirats vont devenir à partir de janvier le seul État du Golfe à s’aligner sur la majorité des pays occidentaux, le rendant plus attractif pour les entreprises et travailleurs étrangers. « Le calcul économique pragmatique derrière cette décision est de mieux aligner l’économie des Émirats avec les normes du commerce international », a déclaré un chercheur de l’institut d’études des États arabes du Golfe à Washington, Robert Mogielnicki. La décision annoncée mardi relève selon lui aussi d’une tentative d’améliorer le « bien-être » de la population aux Émirats.

Le rival saoudien

La compétitivité a augmenté entre les Émirats et leur voisin saoudien alors que ce dernier tente de transformer la capitale Ryad en véritable hub international à l’image de la ville émiratie de Dubaï pour diversifier son économie basée sur le pétrole. En 2020, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle ne signerait pas de contrats avec des entreprises n’ayant pas leur siège régional dans le royaume. 

« Les Émirats souhaitent garder leur position en tant que hub favori des hommes d’affaires internationaux, des résidents expatriés et des touristes. L’ajustement de la semaine de travail est simplement l’une des innombrables tentatives des Émirats pour garder leur longueur d’avance », a expliqué M. Mogielnicki.

La semaine de travail officielle sera aussi réduite à quatre jours et demi jusqu’au vendredi midi pour les employés du secteur public et les écoles. Selon des analystes, les entreprises privées suivront sûrement le mouvement. La grande prière hebdomadaire dans ce pays musulman débutera le vendredi après 13H00.

Cinq décennies après sa création en 1971, l’ancien protectorat anglais est passé des tentes et simples maisons de briques aux gratte-ciel. Poussé par sa richesse pétrolière, l’Émirat est devenu l’un des pays les plus influents du Moyen-Orient.  Ces dernières années, les lois émiraties ont très souvent été amendées, afin de moderniser le pays dans cette région très conservatrice.  Les Émirats ont autorisé le concubinage, allégé les restrictions sur l’alcool, facilité l’obtention d’autorisations de résidence et signé un accord de normalisation de ses relations avec Israël.

« Les Émirats se mondialisent et s’alignent avec ce qui prévaut dans la majorité des pays du monde », a déclaré M. Mogielnicki. Même tendance chez son voisin saoudien qui a notamment permis aux femmes de conduire et allégé le strict code vestimentaire. « Compte tenu de la libéralisation sociale en cours en Arabie saoudite, les récentes décisions des Émirats reflètent la volonté de garder plusieurs longueurs d’avances sur l’Arabie saoudite ».

Dubaï, avant-garde arabe

Les Émirats et Dubaï en particulier ont toujours été des avant-gardistes, un modèle dans la région », a indiqué le professeur émirati de sciences politiques, Abdulkhaled Abdulla. « Dubaï a dix longueurs d’avance, mais il y a de la place dans la région pour un Dubaï 2 et un Dubaï 3 », a-t-il poursuivi en allusion à d’autres villes qui pourraient emboîter le pas. Selon le professeur, la décision de passer au weekend le samedi-dimanche intervient uniquement dans le but de rester les premiers.

D’après Nasser Saidi, fondateur d’une firme de conseil en économie régionale, le changement de weekend représente « une réforme majeure qui conduira à une meilleure intégration internationale, et particulièrement une intégration économique et financière » des Émirats.  « Cela voudra dire une synchronisation pour les entreprises » dans la majeure partie des pays comme les États-Unis, les pays d’Europe et d’Asie mais aussi dans les marchés pétroliers et financiers, a ajouté M. Saidi.

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