« Les efforts de l’Union européenne en matière de climat sont largement surestimés »

Les investissements consacrés à l’action climatique par l’Union européenne dans la seconde moitié de la dernière décennie ont en réalité été inférieurs à ce qui avait été annoncé. Tel est le message d’un rapport de la Cour des comptes européenne. L’Union européenne avait prévu d’affecter au moins 20 % de son budget total à l’action en faveur du climat entre 2014 et 2020, mais cet objectif a été manqué d’environ 7 points de pourcentage, selon le rapport.

Il a noté que la Commission européenne avait fait état d’un investissement de 216 milliards d’euros dans l’action climatique pour cette période. « En réalité, ces dépenses ont représenté environ 144 milliards d’euros », note la Cour des comptes européenne. « Cela correspondrait à environ 13 % du budget total de l’Union européenne ».

Agriculture

« Toutes les dépenses liées au climat déclarées dans le cadre du budget de l’Union européenne ne se sont pas avérées réellement pertinentes pour l’action climatique », souligne Joëlle Elvinger, responsable de la recherche. « Les rapports sont faits avant que les budgets ne soient réellement dépensés. Cela signifie que les chiffres ne correspondent pas toujours à la réalité. »

« Après tout, les fonds non utilisés ne sont pas pris en compte dans ce système. En outre, la méthodologie ne prend en compte que l’impact positif potentiel sur le climat, alors que les effets défavorables ne sont pas pris en compte. »

Elvinger fait notamment référence à l’agriculture biologique, qui peut en effet constituer un élément de lutte contre le changement climatique. « Toutefois, les chiffres de la Commission européenne ne tiennent pas compte des effets négatifs possibles, tels que la baisse de la productivité agricole et l’augmentation des importations de céréales en provenance de pays aux règles environnementales moins strictes », précise-t-il.

« C’est également dans la politique agricole que les dépenses liées au climat ont été le plus surestimées », souligne M. Elvinger. « Les dépenses réelles dans ce secteur ont été inférieures de près de 60 milliards d’euros à ce qui avait été annoncé ». En outre, selon le rapport, les contributions positives du transport ferroviaire, de la production d’électricité et de la production de biomasse, entre autres, ont également été souvent surestimées.

Inquiétude

La Cour des comptes européenne craint également que la même carence ne se produise au cours de la nouvelle période budgétaire, qui s’étend de 2021 à 2027. Elle demande donc à la Commission européenne d’accorder plus d’attention, dans ses rapports, à l’impact réel du budget sur la lutte contre le changement climatique.

Pour la période budgétaire actuelle, l’Union européenne s’est engagée à consacrer 30 % des budgets totaux à l’action climatique. Dans le plan de relance lancé il y a deux ans avec un budget de 800 milliards d’euros pour amortir l’impact de la crise du COVID, ce chiffre passe à 37%.

Toutefois, la Commission européenne a déclaré dans une réaction qu’elle n’était pas d’accord avec les conclusions du rapport de la Cour des comptes européenne. « Contrairement aux affirmations de la CCE, la méthodologie de la Commission pour le budget de l’UE est solide et fiable précisément parce que ses hypothèses sous-jacentes sont claires, raisonnables, communiquées de manière transparente et correctement appliquées », a réagi la Commission.

Elle a également ajouté que « la méthodologie a été considérablement renforcée pour la période budgétaire actuelle. Par conséquent, les rapports ne se baseront plus sur les intentions, mais tiendront compte de l’impact attendu. »

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