Ce sont les dépenses des plus riches qui continuent de nourrir l’inflation, et c’est Morgan Stanley qui le dit

Tout le monde ne subit pas l’inflation élevée de la même manière. Pour les revenus les plus élevés, elle n’importe pas tant que ça, et les plus riches continuent de consommer plus que le reste de la population – de plus en plus en fait. Problème : c’est là un facteur qui nourrit l’inflation.

Pourquoi est-ce important ?

L'économie américaine surperforme cette année. Et ce n'est pas une mauvaise chose quand on se rappelle qu'au début 2023, on craignait que s'installe la récession. L'ennui, c'est que cette bonne santé, alors que la Fed tentait de ralentir l'économie, signifie qu'on n'en a pas fini avec l'inflation.

Les 20% les plus riches représentent 45% des dépenses

Alors qu’en Chine, l’absence d’entrain des citoyens à dépenser plombe les résultats économiques, aux USA, c’est l’inverse. Les gens dépensent allègrement. Du moins, certaines catégories de la population, qui ont les moyens de peser plus que les autres, selon un rapport des économistes de Morgan Stanley publié en octobre.

  • Le quintile supérieur des revenus – soit les ménages dans les 20% supérieurs de revenus – a représenté 45% de toutes les dépenses des consommateurs entre 2020 et 2022.
  • Ce groupe a généralement représenté près de 39% de toutes les dépenses chaque année depuis 2004, détaillent encore les analystes financiers. Les riches ont donc dépensé bien plus qu’en moyenne, ces dernières années.

Cela dit, ces dépenses plus élevées seraient liées à l’effet de relance-post-pandémique, et devraient vite s’estomper, selon les analystes. Mais en attendant, ils nourrissent une économie américaine qui devait frôler la récession suite à la lutte contre l’inflation, et qui surperforme au contraire.

Freiner les dépenses des riches

  • Faut-il freiner les dépenses des riches pour lutter plus efficacement contre l’inflation ? La question se pose d’autant plus que cette dernière paupérise les autres portions de la population.
  • Rappelons que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie restent hauts, et pourraient encore grimper.
  • Or, les rémunérations ne suivent pas. Même en Belgique, pays où les salaires sont indexés, le pouvoir d’achat des ménages s’effrite. Et le gouvernement a décidé qu’il n’y aurait pas de hausse salariale hors indexation, ni en 2023 ni en 2024. La population souffre.
  • Morgan Stanley dégage donc des pistes pour réduire précisément les dépenses des riches, sans que cela impacte (trop) le reste de la population. Comme augmenter les prix des actions, ainsi que sur le marché de l’immobilier. Un phénomène qui a d’ailleurs déjà été observé dernièrement.

« Nos analystes qui couvrent les restaurants et les marques de luxe indiquent tous deux un consommateur aspirational (à revenu moyen) qui a commencé à réduire ses dépenses en matière de restauration fine et d’achat de luxe. À mesure que les ménages aisés approchent également de la satiété, la consommation globale passera à une vitesse inférieure. Pour un ralentissement plus marqué, les licenciements massifs de cols blancs et une perte significative de richesse, notamment dans l’immobilier, sont essentiels. »

Sarah Wolfe, économiste chez Morgan Stanley, citée par Yahoo Finance
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