Les compagnies maritimes promettent de sauver l’Arctique

Les compagnies maritimes Mediterranean Shipping Company (MSC) et Hapag-Lloyd ont annoncé qu’elles n’utiliseraient pas les routes de navigation traversant l’Arctique. Les entreprises ont expliqué qu’avec cette décision, elles voulaient épargner l’environnement vulnérable de la région.

« Il est difficile de dire, encore une fois, si les préoccupations environnementales mises en avant sont réelles ou s’il s’agit d’un argument de relations publiques qui couvre un calcul économique brut », ont indiqué les experts.

Vulnérable

Les changements climatiques font fondre la glace polaire. Cela libère davantage de routes de navigation dans l’océan Arctique. Cela crée de nouvelles connexions entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord. Ces itinéraires pourraient permettre de gagner beaucoup de temps.

Les groupes environnementaux craignent que de nombreuses compagnies de navigation laissent désormais leurs navires voyager le long du pôle Nord. Selon eux, cela pourrait mettre en danger une zone particulièrement sensible.

Plus tôt cette année, la compagnie française de transport maritime de conteneurs Compagnie Maritime d’Affrètement – Compagnie Générale Maritime (CMA CGM) a annoncé qu’elle ne tiendrait pas compte des routes traversant le pôle Nord. Ce faisant, le groupe maritime souhaitait contribuer à la protection de l’environnement.

Quelques semaines plus tard, Hapag-Lloyd et Kuehne + Nagel ont suivi l’exemple de la compagnie de navigation française. Mediterranean Shipping Company (MSC) a également annoncé son intention de laisser la zone intacte.

Maersk, le leader du secteur qui a effectué un voyage d’essai dans l’Arctique l’année dernière, et COSCO, le numéro trois mondial dont les navires ont effectué une trentaine de voyages dans l’Arctique, n’ont donné aucune indication quant à la cessation des expéditions dans l’Arctique.

Ensemble, les cinq plus grands groupes représentent plus de la moitié du transport mondial de conteneurs maritimes.

Greenwashing

Les critiques, cependant, disent que ces promesses ont actuellement peu de conséquences. « Le transport de conteneurs sur des routes arctiques sûres et fiables prendra encore dix ans », affirme Michael Byers, professeur de politique mondiale à l’Université de la Colombie-Britannique. « On ne peut pas s’attendre à ce que les entreprises se considèrent liées par des promesses datant de plus de dix ans. »

Frédéric Lasserre, professeur de climat à l’Université Laval à Québec, prévient en revanche que les itinéraires du pôle Nord pourraient s’avérer moins avantageux qu’on ne le suppose actuellement. Il suppose que l’interdiction prévue du mazout lourd bon marché mais sale dans l’Arctique par l’Organisation maritime internationale rendra toute forme de transport de conteneurs économiquement non viable.

« En conséquence, les compagnies de navigation seront obligées de passer à un diesel marin plus coûteux. Cette obligation mettra gravement en péril la rentabilité des itinéraires plus courts dans l’Arctique. « 

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