‘Les champignons hallucinogènes sont aussi efficaces qu’un antidépresseur couramment utilisé’

Selon des scientifiques de l’Imperial College de Londres, la psilocybine, l’ingrédient actif des champignons hallucinogènes, peut être au moins aussi efficace dans un cadre thérapeutique qu’un antidépresseur couramment utilisé.

La psilocybine, un composé psychédélique, est tout aussi efficace pour traiter les symptômes de la dépression que l’escitalopram, un antidépresseur largement utilisé, affirment des chercheurs du Center for Psychedelic Research dans la revue New England Journal of Medicine.

Au cours de l’étude, 59 volontaires souffrant de dépression modérée à grave ont reçu soit une forte dose de psilocybine et un placebo, soit une très faible dose de psilocybine et l’antidépresseur escitalopram. Les participants ont ensuite été interrogés sur une série de sujets tels que le sommeil, l’énergie, l’appétit, l’humeur et les pensées suicidaires.

Les sujets traités à la psilocybine ont montré une nette amélioration de leur capacité à éprouver du plaisir et à exprimer des émotions, une réduction plus importante de l’anxiété et des pensées suicidaires, ainsi qu’un sentiment accru de bien-être.

Traitement potentiel

‘Ces résultats… aident à contextualiser la promesse de la psilocybine comme traitement potentiel de la santé mentale. Les taux de rémission (c’est-à-dire l’amélioration de l’état d’un patient) étaient deux fois plus élevés dans le groupe psilocybine que dans le groupe escitalopram’, explique Robin Carhart-Harris, directeur du Centre for Psychedelic Research de l’Imperial College de Londres.

En outre, le groupe psilocybine a signalé moins de cas de sécheresse de la bouche, d’anxiété, de somnolence et de dysfonctionnement sexuel que les participants qui avaient reçu de l’escitalopram. Dans l’ensemble, le médicament psychédélique présentait un taux d’effets secondaires similaire à celui de l’antidépresseur commun.

Les chercheurs ont aussi souligné que l’hallucinogène agit plus rapidement, note David Nutt (Imperial College London). ‘Dans notre étude, la psilocybine a agi plus rapidement que l’escitalopram et a été bien tolérée, avec un profil d’effets secondaires très différent. Nous attendons avec impatience de nouveaux essais qui, s’ils sont positifs, devraient permettre à la psilocybine de devenir un médicament autorise’, explique-t-il.

L’automédication reste fortement déconseillée

Malgré ces premiers résultats positifs, M. Carhart-Harris avertit que les patients souffrant de dépression ne doivent pas essayer de s’automédicamenter avec des champignons hallucinogènes. Les chercheurs soulignent que la prise de tels produits ou de psilocybine sans les précautions particulières qu’offre un contexte clinique et thérapeutique peut ne pas avoir de résultat positif.

L’équipe souligne également que d’autres études sont nécessaires, car seules 59 personnes ont participé à leur recherche et car aucun groupe placebo « pur » n’a été utilisé. ‘J’encourage vivement les chercheurs et le grand public à examiner nos résultats’, a ajouté le chercheur britannique.

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