Depuis plusieurs années, un rapport circule sur internet indiquant que l’Équateur, en Amérique latine, prévoit de vendre un tiers de sa forêt amazonienne à la Chine. La forêt recouvre tout de même 43% du territoire dans le nord et l’est du pays. Le journal britannique The Guardian avait rendu cette affaire publique pour la première fois en 2013. Et aujourd’hui, l’information est revenue au premier plan.
L’équateur est un pays fortement dépendant de la Chine. Il rembourse notamment des prêts chinois avec du pétrole. Et les principaux puits de pétrole se trouvent au plus profond de l’Amazonie.
90% du pétrole exploitable envoyé en Chine
L’ancien président équatorien Rafael Correa s’est engagé en 2016 à vendre des millions de barils de pétrole à la Chine à un prix plus qu’abordable. En échange, il a reçu d’importants prêts qui lui ont permis de financer de nouvelles infrastructures et des programmes sociaux coûteux. L’accord demande que 90% du pétrole brut exploitable soit fourni à la Chine et ce jusqu’en 2024.
Le ministre actuel chargé de la production de pétrole ne sait même pas exactement combien l’Équateur doit rembourser à la Chine. Les termes de l’accord sont ‘anormalement opaques’.
Aujourd’hui, la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus et la baisse du prix du pétrole qui en découle n’ont fait qu’accroître la dépendance de l’Équateur envers la Chine. Le Forbes Economic Review a même mentionné un éventuel défaut de paiement en avril. Pour l’éviter, le gouvernement a annoncé vouloir exploiter les gisements à leur pleine capacité.
Mauvaise nouvelle pour les autochtones
Pour maintenir la solvabilité du pays, l’Équateur espère obtenir rapidement un milliard de dollars de financement bilatéral. Surtout venant de la Chine. Début juin, le président Lenín Moreno a annoncé un important décaissement de la moitié d’un prêt chinois de 2,4 milliards de dollars.
Carlos Mazabanda, membre de l’association Amazon Watch, voit l’avenir de l’Équateur d’un œil pessimiste. Dans une interview accordée de la version espagnole de la Deutsche Welle, il dit craindre que les exigences environnementales minimales pour puiser du pétrole ne soient ignorées. Il redoute aussi que les populations indigènes ne soient pas non plus respectées. Selon lui, ces projets n’enrichiront que les grosses entreprises du pays. Les populations vivant dans la région amazonienne seront toujours désavantagées en termes d’accès au soin de santé et au niveau de l’emploi.
La Chine, cet énorme créancier
La Chine est désormais le plus grand créancier des pays à faibles revenus dans le monde. Selon les chiffres de l’Institut des finances internationales (IIF), le montant dû à la Chine par le reste du monde a explosé au cours des dernières années. De 875 milliards de dollars en 2004 à plus de 5.500 milliards de dollars en 2019. Cela représente 6% du PIB mondial.
Des sommes astronomiques ont été empruntées dans le cadre de la création de la nouvelle route de la soie, nommée Belt and Road Initiative. Selon l’IIF, la Chine a prêté au moins 730 milliards de dollars depuis que Xi Jinping a lancé le projet en 2013. Ces prêts servent principalement à des investissements à l’étranger ou à des contrats de construction dans 112 pays.
Le FMI estime que les créances envers la Chine représentent au moins 11% de la dette totale des pays à faibles revenus.
Le plus alarmant est que, selon l’IIF, près de 50% des prêts accordés par la Chine pour le développement de certains pays ne figurent pas dans les statistiques.
Aujourd’hui, la région équatorienne de l’Amazonie reste la propriété du pays jusqu’à nouvel ordre. Mais la question est de savoir jusqu’à quand cela va durer.