L’environnement de l’écran, au sein duquel les jeunes générations évoluent, a des répercussions sur notre cerveau ainsi que sur notre mode de pensée. Pour Susan Greenfield, scientifique britannique spécialisée dans la physiologie du cerveau, l’écran est une menace pour l’individualité et la créativité de chacun de nous et cela risque fort d’être un problème pour le monde de demain.
En effet, il est louable de se demander quel sera l’impact des technologies du 21ème siècle sur notre cerveau. La Baronne Susan Greenfield, a fait part récemment de ses inquiétudes lors d’un cycle de conférences de BGL BNP Paribas. Elle considère que l’impact de l’environnement de l’écran est tel qu’il pourrait engendrer une perte d’individualité et de créativité pour les générations à venir.
Susan Greenfield précise que l’environnement est essentiel dans la détermination de la façon de pensée : « Dans un environnement stimulant, permettant à l’individu de faire de nombreuses associations, on constate un nombre plus important d’interconnexions entre les cellules du cerveau. Permettant dès lors à l’individu d’établir plus de significations personnelles liées à son environnement, d’avoir une meilleure compréhension du monde ». Il en résulte la capacité exceptionnelle de l’humain, par rapport aux animaux, d’adaptation à son environnement. La scientifique pose la question suivante : « Dès lors, si l’environnement est différent, comment le cerveau peut-il rester le même ? ». Pour Susan Greenfield, l’influence des nouvelles technologies et de l’environnement de l’écran, avec Internet, les jeux vidéo, les moteurs de recherche ou encore les réseaux sociaux aura un impact sans précédent sur notre cerveau et notre façon de penser et de nous sentir.
À ce propos, elle fait référence à une publication du Joan Ganz Cooney Center, datant de 2010. Cette étude précise que près de 54 % des jeunes américains de 13 à 17 ans passent plus de 30 heures par semaine rivés à leur écran. On y apprend également que l’usage intensif des jeux vidéo provoque une attention fragmentée et de courte durée avec une augmentation de l’imprudence.
Pour Susan Greenfield, il y a donc de quoi être inquiet. Celle-ci s’interroge ainsi sur les modes de pensées et de réaction des nouvelles générations. « Dans la communication tridimensionnelle, de personne à personne, on se rend compte qu’au-delà des mots, de nombreux facteurs influent de manière plus ou moins importante sur notre cerveau, comme le regard, le langage du corps, le ton ou le volume de la voix, le contact physique. Des éléments qui n’existent pas, par exemple, sur Facebook. ». Ainsi, il y a fort à parier que la jeune génération en vienne à manquer de repères car le cerveau a besoin de pratique pour mieux évoluer dans un environnement donné. Dès lors, si les jeunes ne sont pas à l’aise avec ces facteurs communicationnels et qu’ils ne les comprennent pas, ils auront tendance à se réfugier sur leur écran.
Enfin, cette compréhension amoindrie du monde réel aurait, selon Susan Greenfield, des conséquences négatives pour le futur. Les technologies du 21ème siècle ne permettraient pas au cerveau d’obtenir une bonne compréhension du monde et de ses enjeux. Pour la scientifique, l’esprit de l’avenir peut se résumer en un QI plus élevé, une attention de plus courte durée, une amélioration de la mémoire à court terme, des icônes au lieu d’idées, un accroissement de l’acuité sensorielle, une diminution de l’empathie et une baisse du sens de l’identité. Or, pour l’entrepreneuriat, c’est justement l’identité qui fonde la créativité. Dans le secteur des affaires, les conséquences seront également importantes sur le cerveau des consommateurs et des employés.
Enfin, la scientifique britannique pense que le développement de logiciels ou des jeux innovants sont un moyen pour contrecarrer cette perspective d’évolution car ils rendent mieux compte de la réalité des relations ou du monde réel, permettant de transformer l’information en connaissance et invitant les utilisateurs à entrer dans des processus créatifs en relation avec le monde réel afin de forger leur identité.