La reprise économique mondiale est menacée: inflation, crise de la chaîne d’approvisionnement et apparition de nouveaux variants viraux sont les trois grandes inconnues qui se poursuivront en 2022. Au milieu, les banques centrales, qui sont clairement entre deux chaises.
Faut-il resserrer la politique monétaire, voire bouger les taux d’intérêt directeurs ? Les banques centrales avancent en ordre dispersé alors que plusieurs annonces importantes sont attendues cette semaine.
- La Réserve fédérale américaine est surement la plus encline à continuer le ralentissement de son programme d’achat d’obligations. Les États-Unis font face à une inflation de 6,8%, du jamais vu en 40 ans.
- En Europe, la BCE marche sur des œufs et n’a pas laissé d’indice concret indiquant qu’elle pourrait resserrer sa politique monétaire. Là où la Fed estime maintenant que la hausse de l’inflation n’est « plus temporaire », Christine Lagarde se tait dans toutes les langues.
- En Chine, l’heure est plutôt à une politique plus souple. La Banque centrale a récemment déclaré avoir injecté 188 milliards dans l’économie, notamment pour contrer la crise de l’immobilier. La politique monétaire et économique chinoise est coincée dans un dilemme qui est propre au régime chinois: il ne faut surtout pas montrer que cela va mal. Pas question d’intervenir directement pour sauver Evergrande, il faut faire un exemple, malgré les risques d’implosion que cela comporte. Rappelons que le secteur immobilier en Chine, c’est 30% du PIB.
- La Banque d’Angleterre devrait elle renoncer à augmenter les taux d’intérêt ce mois-ci. Car la reprise est en danger, l’économie britannique n’a progressé que de 0,1% au mois d’octobre.
Entre la peste et le choléra
En fait, les banques centrales sont coincées. « C’est un chemin très, très difficile à emprunter pour les banques centrales en ce moment », a déclaré à CNN Knightley de chez Citi Private Bank. « Vous avez des risques à opérer des deux côtés. » Ces deux côtés, ce sont la nécessité de poursuivre une politique de soutien face à une pandémie qui n’a pas dit son dernier mot, et la nécessité de contrôler la hausse des prix qui touche en premier les plus bas revenus et les épargnants.
Miser d’un côté affectera négativement l’autre côté. Tout le monde aime taper actuellement sur les décisions (ou les non-décisions) des banques centrales, mais elles sont clairement en terrain miné. En mars 2020, il était clair que les banques centrales devaient tout miser sur les mesures de soutien, ici c’est beaucoup plus compliqué.
Quelques lueurs d’espoir
Pour l’heure, le variant Omicron n’a pas affecté directement l’économie ou provoqué de nouvelles restrictions sanitaires. Les États-Unis y échappent et l’Europe, à nouveau au centre de la pandémie, avait décidé de ces restrictions avant l’apparition du variant et de ses nombreuses mutations.
Il y a de bonnes et de moins bonnes nouvelles concernant le variant Omicron qui tôt ou tard dominera les autres variants. Il n’a pour l’instant pas été prouvé qu’il provoquait des symptômes plus graves. Par contre, il pourrait passer outre les anticorps créés par la vaccination ou les infections précédentes. Cela signifie la mise à jour des vaccins mais aussi la réinfection même si vous avez déjà développé une ou plusieurs fois le Covid-19.
Il y a par contre des signaux positifs qui montrent une possible résolution de la crise de la chaîne d’approvisionnement. La congestion des ports s’atténue, les prix des conteneurs chutent, les livraisons s’accélèrent. On ne s’attend toutefois pas à un retour à la normale avant mi-2022. « Je suis de plus en plus convaincu que le pire est derrière nous », positive auprès de CNN Matt Colyar, économiste chez Moody’s Analytics.