Pascal Smet (55 ans) donne sa démission.
Les détails : Cela s’est passé cet après-midi lors d’une conférence de presse à son cabinet. Il était difficile pour lui de continuer, après qu’il est apparu que, dans sa défense de vendredi, il avait été très partiel dans sa volonté de « donner une transparence totale ».
En résumé : Smet a joué et perdu.
- L’attaque est souvent la meilleure des défenses. C’est la technique qu’a choisie le secrétaire d’État aux Relations internationales Smet, vendredi, devant le Parlement bruxellois. Pas d’excuses, pas de reconnaissance d’une « erreur » ni même la question de savoir s’il aurait pu faire les choses différemment et mieux.
- Non, Smet est venu, après un déluge de questions, y compris de la part de la majorité, avec la promesse de « donner une transparence totale au dossier », en distribuant une panoplie de courriels entre son cabinet et le personnel du « Brussels Urban Summit », ainsi qu’auprès de la ministre de l’Intérieur Hadja Lahbib (MR) et de la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor (cd&v).
- Ces emails étaient censés être exhaustifs et montrer qu’il n’était pas intervenu pour faire venir à Bruxelles Alireza Zakani, le maire ultraconservateur de la capitale iranienne Téhéran.
- Ce faisant, Smet s’en est aussi pris violemment, en rejetant toute responsabilité, à Lahbib et même à de Moor. « Un refus motivé, je ne l’aurais évidemment pas contesté. Mais il n’est jamais venu », a-t-il déclaré au Parlement.
Vue d’ensemble : les failles de sa défense sont trop vite apparues
- Cette technique, qui consiste à attaquer sans regarder en arrière, lui a explosé au visage. En effet, le fait que les courriels n’aient même pas été anonymisés et que tous les noms des employés aient pu être lus par les parlementaires et indirectement par la presse, a fortement irrité le cabinet fédéral.
- Mais il s’est rapidement avéré que tous les courriels n’étaient pas inclus : rétrospectivement, il s’agit d’une défense plutôt maladroite. Plusieurs députés bruxellois ont reçu des tuyaux des cabinets fédéraux, qui s’offusquaient des « mensonges ». Les députés bruxellois ont exigé que Smet présente davantage de documents lors de la session suivante du Parlement.
- Et il y a pire : Smet a demandé encore plus d’informations sur l’ensemble du dossier. Il a ainsi reçu des courriers indiquant que Bruxelles, en tant que ville hôte, prendrait également en charge les frais d’hébergement des chefs de délégation de Téhéran et de Kazan, comme stipulé dans le contrat conclu avec l’organisateur Metropolis. Le cabinet de Smet l’avait accepté, contre l’avis de l’administration. « Une erreur stupide d’un collaborateur de cabinet », expliquait Vooruit.
- Smet sait alors que toute sa défense s’est effondrée comme un château de cartes. Bien qu’il n’y ait pas eu de réelles pressions de la part de son parti ou de son président Conner Rousseau (Vooruit), l’incompréhension était grande du côté de Groen et d’Ecolo, qui forment un acteur puissant au sein du gouvernement bruxellois. Ceux-ci doutaient ouvertement de la « moralité de Smet ».
- Le fait que son cabinet se soit arrangé pour payer les chambres d’hôtel d’Iraniens et de Russes aurait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, Smet l’a compris lui aussi. C’est ainsi que le secrétaire d’État, âgé de 55 ans, a décidé de jeter l’éponge. Sa carrière politique, qui a déjà duré très longtemps dans la capitale, semble s’achever à cet instant. Il reprendra toutefois son siège au Parlement bruxellois.
- Que l’arrivée de Zakani, avec dans son sillage pas moins de 14 « collaborateurs », dont certains sont vraisemblablement issus des services de sécurité iraniens, ait fait tant de bruit n’est cependant pas surprenant. L’Iranien est connu pour persécuter les femmes ne portant pas le voile et les homosexuels.
- Smet s’est néanmoins efforcé de le faire venir au « Brussels Urban Summit 2023 », une conférence des bourgmestres. Ce faisant, son cabinet a agi de manière pour le moins imprudente. Une grave erreur de jugement politique, donc, que de laisser gérer ce dossier avec autant de légèreté, ce qui était irréparable.
Et maintenant ? Exit Smet, Vooruit doit chercher quelqu’un de nouveau. Le nom d’Ans Persoons est apparu.
- Un peu avant 15 heures cet après-midi, il a appelé la presse : « J’ai décidé de démissionner. Notre société doit pouvoir faire confiance aux hommes politiques. Dans certains cas, comme le mien aujourd’hui, il faut prendre ses responsabilités même si l’on n’a pas commis d’erreur », s’est-il entêté à dire, même avec cette démission. Ce n’est donc pas sa faute, mais celle d’un employé.
- Fait remarquable, il a renvoyé la balle, pour la énième fois en quelques jours, à la ministre des Affaires étrangères Lahbib : « Toutes les personnes impliquées dans ce dossier doivent se poser des questions. La société a besoin de confiance dans les personnes politiques. »
- Et il est très explicite sur l’éventuelle révocation de Lahbib : « Mais cela doit être son choix. Ce n’est pas à moi de déterminer la faute de qui que ce soit. Nous avons seulement demandé à traiter les visas et à ne pas les rejeter à l’avance. Il était clair pour moi qu’ils discuteraient des visas au cas par cas. Je n’ai jamais demandé que tous les visas soient autorisés. C’était le jugement des Affaires étrangères ».
- Mais même Smet ne pouvait ignorer le fait que les factures d’hôtel des Iraniens et des Russes étaient payées par Bruxelles. « Même si je ne le savais pas, cela s’est passé sous ma responsabilité. Je ne peux pas accepter en conscience que de l’argent belge pour des frais d’hébergement aille à un représentant du régime iranien ou russe. Nous n’aurions pas dû faire cela.
- Demain, Vooruit se réunira pour désigner son successeur. La cheffe de groupe de Vooruit au Parlement flamand, Hannelore Goeman, basée à Bruxelles, pourrait être la nouvelle femme forte des socialistes flamands à Bruxelles dans la hiérarchie. Mais il a été dit qu’elle restera à son poste au Parlement flamand. Ans Persoons (Vooruit), aujourd’hui échevine à Bruxelles-Ville, pourrait ainsi accéder au poste de secrétaire d’État.