La zone euro a mis plus de temps à se relever de la crise financière que les Etats-Unis et la Chine, et depuis, elle n’a jamais atteint le dynamisme des deux superpuissances. Récemment, la région a connu des turbulences qui pourraient se muer en une vértable récession, affirme le Financial Times. Ce marasme économique risque d’avoir un impact significatif sur les élections européennes, avertit-il.
En effet, la Chine et les États-Unis commencent à envoyer des signaux de trouble, et la zone euro n’est pas en reste.
Du pain béni pour les partis antisystèmes radicaux
Cette semaine, on a ainsi appris que les dirigeants de la Banque centrale européenne avaient envisagé de revoir leurs prévisions de croissance pour la région à la baisse lorsqu’ils se sont rencontrés au mois de décembre. Si ce marasme se maintient, c’est sera une très mauvaise nouvelle pour les partis politiques modérés européens. Il n’est en effet pas douteux qu’en cas de difficultés économiques avérées, ils seront accusés par les partis antisystèmes radicaux qui prospèrent partout en Europe d’avoir échoué à ramener une croissance durable et à réduire les inégalités. Cette argumentation pourrait convaincre des électeurs mécontents prêts à rejeter le statu quo, qui pourraient alors choisir de donner leurs suffrages à ces partis extrémistes lors des élections européennes qui auront lieu au mois de mai.
En effet, les indicateurs montrent que la croissance a été très faible dans la zone euro sur la fin de l’année 2019. Les manifestations des Gilets Jaunes en France ont probablement fait baisser l’indice PMI montrant les intentions de commandes des responsables des achats dans la zone, un signe précurseur d’un ralentissement économique, mais ce facteur temporaire n’explique pas tout.
L’Allemagne en récession technique
L’Allemagne, l’un des moteurs de croissance les plus fiables de la zone euro au cours des dernières années, a également connu une série de turbulences l’été dernier, qui avait été attribuée à l’origine à des événements ponctuels, notamment les nouvelles réglementations sur les émissions qui ont mis le secteur automobile sous pression. Mais il s’avère que ce ralentissement semble s’installer durablement, et que ces difficultés semblent bien plus fondamentales.
Des données publiées cette semaine indiquent que la production industrielle allemande est en chute libre, tandis que les exportations et les importations sont en baisse, sans aucun doute en raison des menaces de guerre commerciale. L’Allemagne a même enregistré un recul de son PIB sur deux trimestres consécutifs, ce qui correspond à la définition technique d’une récession.
Le temps est compté pour rassurer sur la durabilité de la reprise
Pourtant, tout n’est pas négatif, et l’on pourrait enregistrer des améliorations notables sur le marché du travail de la zone euro. En effet, la baisse des prix prix du pétrole pourraient entraîner une hausse des salaires réels, ce qui pourrait stimuler la consommation et les investissements.
La politique budgétaire aura également un effet modérément stimulant, et la zone euro peut également compter sur une inflation faible, ce qui signifie qu’elle dispose d’un certain délai avant que la hausse de la consommation se convertisse en hausse des prix exagérée.
Comme c’est souvent le cas, les électeurs européens risquent de sanctionner les performances économiques de la zone lors élections au Parlement européen du mois de mai. En réalité, les électeurs prennent en compte un éventail bien plus large de paramètres, mais il est clair qu’une reprise économique chancelante n’augure rien de bon. Le temps est compté pour pouvoir envoyer des signaux positifs montrant que les faiblesses récentes n’étaient que temporaires, et pour que l’expansion économique reprenne avant les élections, conclut le journal.