Le premier employeur de France ? Cannabis S.A.

150.000 à 200.000 personnes vivent du commerce du cannabis en France. C’est l’équivalent de tous les habitants de villes comme Grenoble, Saint-Etienne ou Toulon, selon le livre « L’Archipel français » du chercheur français Jérôme Fourquet (Ifop).

Pourquoi est-ce important ?

La consommation de cannabis a également augmenté de manière significative ces dernières années chez nos voisins du sud. L'industrie française du cannabis est devenue l'un des plus gros employeurs du pays. La légalisation est une nécessité urgente, mais en raison des dizaines de milliers de personnes concernées, elle pourrait également conduire à un grand chaos social.

Ces dernières années, la légalisation est régulièrement apparue dans l’agenda politique. Les conséquences possibles sur la santé publique, la guerre contre la drogue, etc. sont encore et toujours évoquées. Un sujet tabou dans ce contexte est l’emploi.

Comment éviter le chaos lorsque cette économie souterraine sera légalisée ?

L’industrie française du cannabis fournit aujourd’hui un revenu (le plus souvent partiel) à plusieurs dizaines de milliers de « travailleurs ». C’est presque autant que les chemins de fer et les services postaux français, mais plus que des groupes industriels bien connus comme Électricité de France (EdF), BNP Paribas ou le géant de la grande distribution Carrefour, estime Fourquet. Comment alors éviter le chaos si cette économie souterraine venait à être légalisée ?

Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), le cannabis a généré un chiffre d’affaires annuel de 1,2 milliard d’euros en 2017. Des quartiers et des communautés entières en vivent. Si cet argent leur est brutalement retiré, ces quartiers risquent d’avoir des gros problèmes financiers, avec toutes les conséquences que cela implique.

L’hebdomadaire L’Express a publié cette semaine des chiffres intéressants sur la consommation en hausse constante en France :

  • En 2017, 45 % des personnes âgées de 18 à 64 ans ont admis avoir déjà consommé du cannabis. En 2014, cette proportion était encore de 42 %.
  • 1,5 million de Français le font plus de 10 fois par mois.
  • L’opinion publique évolue : 51 % des Français souhaitent la dépénalisation du cannabis, contre 43 % en 2017.

Regarder l’Amérique ?

Un certain nombre d’hommes politiques proposent déjà des pistes pour que la légalisation se fasse de manière pacifique. Certains veulent l’amnistie pour un grand nombre de dealers. D’autres pensent à un soutien social pour les personnes qui tirent (une partie) de leurs revenus du commerce du cannabis. C’est particulièrement vrai dans « les quartiers à problèmes » où vivent des chômeurs de longue durée et les personnes peu instruites et où règne la criminalité.

Ne rien faire ne semble pas être une option. Le modèle américain, où 19 des 50 États ont désormais légalisé l’usage récréatif du cannabis, peut servir d’exemple. Cela a conduit à la création d’un quart de million d’emplois, tandis que les différents États voient leurs coffres remplis de nouvelles recettes fiscales. 7 Américains sur 10 disent qu’ils soutiennent cette ligne de conduite.

Malgré cette légalisation, les États-Unis sont encore confrontés à une série de problèmes, mais la situation actuelle dans des pays comme la France et certainement la Belgique laisse beaucoup à désirer. A Paris, on attend désormais le énième débat sur le cannabis avant les élections de 2022.

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