Ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette crise du coronavirus. Malgré un choc économique sans précédent depuis des décennies, les Belges, d’un point de vue macroéconomique, se sont enrichis au cours de l’année écoulée. Et pas qu’un peu: de quelque 23 milliards d’euros, selon les calculs de la Banque nationale de Belgique.
Cette affirmation pourrait choquer quand l’on songe aux drames humains provoqués par la crise sanitaire qui sévit depuis désormais un an. Mais la réalité économique est celle-là: le revenu disponible des ménages n’a, en moyenne, pas diminué. « Globalement, si on regarde d’un point de vue macroéconomique, c’est assez extraordinaire, et c’est grâce à l’action des pouvoirs publics. Mais c’est une crise qui est très asymétrique: il y a des gens qui ont perdu une partie substantielle de leurs revenus, des gens qui ont été très peu impactés et il y a même des gens qui ont gagné un peu plus que l’année précédente », expliquait dernièrement le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch.
Et, alors que le revenu disponible des ménages n’a pas diminué, le taux d’épargne des Belges a, lui, gonflé dans des proportions inédites en 2020, passant de 13% à 21%.
Moins de dépenses, plus de prudence
Cela s’explique par une certaine prudence, dans des temps incertains, mais aussi par le fait que nous ayons été « empêchés » de consommer. Les commerces non alimentaires ont été fermés durant plusieurs semaines, les salons de coiffures et l’horeca pendant de longs mois, des restrictions de voyage ont été et restent d’application. Des consommateurs ont également eu peur ou n’ont pas eu le cœur, vu le contexte sanitaire et l’obligation de faire ses courses seul, de sortir de chez eux pour faire du shopping.
Cette situation inédite a conduit à l’accumulation d’une épargne substantielle en 2020, estimée à 23 milliards d’euros. Un surplus d’épargne qui pourrait être dépensé, en tout ou probablement en partie, une fois les restrictions levées. On parle dans ce genre de situation de « revenge spending »: une sorte de consommation frénétique post-confinement.
Vers des années folles ?
Outre-manche, la compagnie aérienne Easyjet a d’ailleurs constaté fin février une envolée de plus de 300% des réservations depuis le Royaume-Uni dans les heures qui ont suivi les annonces par Boris Johnson d’un déconfinement progressif.
« Certains parlent d’un possible retour aux « Roaring Twenties », aux années folles (années 1920, NDLR). Ce n’est pas impensable. Il y a une grande incertitude autour de cette épargne, dans le sens positif. C’est un ‘upside’ potentiel dans les années qui viennent », avait encore souligné le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch.
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