Le nucléaire est-il le nouvel allié de l’UE dans sa recherche de neutralité climatique ?

L’Union européenne compte principalement sur les énergies renouvelables pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. Pour la production d’électricité, les carburants fossiles sont donc proscrits, mais la question du nucléaire divise toujours les foules. Un nouveau rapport plaide pour une ‘renaissance nucléaire’, sans quoi les objectifs ne seront jamais atteints.

Le nucléaire a des avantages certains: il n’émet presque pas de CO2 et produit en continu de l’électricité, contrairement aux énergies solaires et éoliennes dites intermittentes. Mais les centrales nucléaires sont aussi très dangereuses. Leur vétusté, particulièrement ici en Belgique, inquiète, y compris à l’étranger. Enfin, nous n’avons toujours pas de solution pour les déchets radioactifs qui sont une bombe à retardement.

La Commission européenne n’a donc jamais vraiment réussi à se positionner sur cette énergie. En théorie, elle est plutôt contre et préfère favoriser les énergies renouvelables. Mais dans les faits, en novembre dernier, l’instance décisionnaire a annoncé qu’elle prendrait une position neutre face au nucléaire et qu’elle n’empêcherait pas les États membres de financer de nouvelles constructions. La Pologne prévoit d’ailleurs de construire d’ici 2040 6 nouvelles centrales d’ici 2040. Une entreprise américaine a déjà été choisie. Même chose aux Pays-Bas où des réacteurs de nouvelle génération pourraient voir le jour. En Belgique, la question divise jusque dans la majorité.

‘Renaissance nucléaire’

Un rapport publié la semaine dernière montre toutefois que l’Union européenne aurait plutôt intérêt à favoriser l’énergie nucléaire si elle veut atteindre la neutralité carbone. Pour en arriver à cette conclusion, une étude a été réalisée aux Pays-Bas et en République tchèque. Les calculs montrent que les énergies renouvelables ne seront pas suffisamment puissantes pour répondre à la demande d’électricité. Et cela dans les deux pays. Les Pays-Bas sont pourtant reconnus pour leur importante capacité offshore.

En outre, contrairement à ce que le commissaire européen à l’Action pour le climat Frans Timmermans affirme, le nucléaire ne serait pas plus couteux que l’éolien ou le solaire. ‘Dans pratiquement tous les scénarios réalistes, l’énergie nucléaire est moins chère que l’énergie éolienne et solaire en termes d’euros par MWh en République tchèque et aux Pays-Bas’, explique le rapport.

L’étude ne sort pas de nulle part. Elle a été commandée par deux groupes politiques présents au parlement européen: ECR Group et Renew Europe. Les groupes ne se présentent pas formellement comme des défenseurs du nucléaire. Ils veulent plutôt réussir à atteindre la neutralité climatique en travaillant sur une approche ambitieuse mais supportable pour les États et les entreprises. Ils dénoncent les ‘objectifs irréalistes qui ne seront jamais atteints ou correctement mis en œuvre’ de la Commission.

Les nouvelles technologies

Le problème de la Commission européenne, selon les auteurs de ‘Road to EU Climate Neutrality by 2050’, est qu’elle parie sur des technologies qui ne sont pas encore abouties. Il a, par exemple, été proposé d’utiliser l’énergie produite en surplus par les sources renouvelables pour fabriquer de l’hydrogène ou pour remplir des batteries. Mais ces solutions ne sont pas vraiment envisageables dans un avenir proche.

‘Nous avons un risque élevé que cela ne fonctionne pas, que nous ne serons pas en mesure d’atteindre la neutralité climatique en 2050 ou à n’importe quel moment par la suite’, explique Lucas Bergkamp, principal auteur du rapport.

La Belgique connait bien ce problème. La loi sur la sortie du nucléaire votée en 2003 lui vaut aujourd’hui de nombreux problèmes pour atteindre la neutralité carbone. Une étude a montré que son plan énergétique, composé de sources renouvelables, mais aussi de centrales au gaz, serait l’un des plus polluants d’Europe en 2030. Les éoliennes et les panneaux solaires ne comblent pas les besoins en électricité du pays. La prolongation des plus récentes centrales nucléaires est la principale solution alternative pour limiter les émissions de CO2 dans la prochaine décennie.

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