Depuis la fin des années80, la quantité d’insectes diminue fortement,indique une étude de scientifiques de Radboud University aux Pays-Bas,sur base de l’analysed’insectes volantscollectés au sein de plus de 60 réserves naturelles en Allemagne.
Avec cette étude, lesentomologistes souhaitent faire comprendre que les insectes sontnécessaires à la survie de l’humanité. « Il s’agit de lachaîne alimentaire classique de troisième catégorie », adéclaré Richard Redak, entomologiste à l’Université deCalifornie, Riverside, et co-auteur du livre « Bugs Rule!«
« Si vous perdez des insectes, vous avez un problème «
Une étude antérieures’était concentrée principalement sur l’influence du changement climatiquesur des espèces prisesindividuellement. Ces expériences avaient suivi des insectesparticuliers tels que des papillons, des abeilles ou encore desmites.
Cependant, l’étude des chercheurs des Pays-Bas, del’Allemagne et du Royaume-Uni a fait quelque chose de totalementdifférent. Plutôt que de se concentrer sur une seule espèced’insecte ou de cataloguer différentes variétés de punaises, lesscientifiques ont collecté tous les insectes volants de 63 réservesnaturelles allemandes de 1989 à 2016.
Les chercheurs dela Radboud University ont fait usage de pièges grâce auxquelstoutes sortes d’insectes volants pouvaient être rassemblés. Les données de cetteétude publiées dans la revue PLOS One, ont montré une baisse de76% de la biomasse des insectes de mars à octobre et un déclin de82% en plein été, alors que les insectes sont généralement durant cette saisonà leur apogée.
Chaîne alimentaire
« L’étude démontreque toutes les espèces d’insectes volants, pas seulement les plusvulnérables, ont rapidement diminué enquelques décennies » explique le responsable de l’étude, CasprHallmann, biologiste auprès de la Radboud University. « Despièges à d’autres endroits ont même été retrouvés presquevides. »
L’analyse a indirectementpermis d’avoir une idée de la quantité d’insectes disponiblespour jouer un rôled’herbivores, de pollinisateurs et de nourriture pour d’autresanimaux. « Vous pouvez être sûr que si vous perdez les trois quartsde la biomasse des insectes, une partie importante des animaux qui setrouvent plus haut dans la chaîne alimentaire – les oiseaux, leschauves-souris et les amphibiens – seront affectés », a déclaréM. Hallmann. « Il y aura forcément des conséquences. »
« En fait, l’étudea été inspirée par le déclin de la quantité d’oiseaux auxPays-Bas, ce qui a mené à étudier les sources de nourriture desanimaux » explique Hallmann. « L’hypothèse est que la pertedes insectes rend la capture de proies plus difficilepour les oiseaux. »
Pas d’extrapolation
L’étude n’avance pas decause à ce phénomène, mais des causes traditionnelles, commele changement climatique, ne semblent pas avoir joué un rôle.Ces 30 dernières années, l’Allemagne a en effet connu unelégère augmentation des températures, ce qui aurait mener à unehausse de la quantité des insectes. Lechangement dans la diversité des plantes et dans le paysage naturelne semble pas non plus avoir eu unimpact.
Au lieu de cela, leschercheurs pensent que les insectes des réserves naturelles ont puêtre affectés par les terres avoisinantes. Pour Eric Porter, unbiologiste du Service américain de la faune et de la pêche ayant euaccès à l’étude, les changements dans les pratiques agricolespeuvent expliquer une grande partie de la perte de biomasse des insectes.
Selon M. Hallmann, celapourrait inclure des engrais et des pesticides qui s’infiltrent dansles réserves, ou le fait que les insectes quittent les réservespour des environs proches mais inhospitaliers. L’étude ne spécifie passi ces résultats concernant la perte de biomasse peuvent êtregénéralisés à d’autres parties du monde.
Les réserves naturellesallemandes sont caractéristiques du nord-ouest de l’Europe, mais ceszones ne ressemblent pas à des parcs naturels plus vastes dans desrégions telles que les États-Unis, le Canada ou le Brésil. Cela neveut pas dire que d’autres régions ne connaissent pas les mêmesbaisses, mais cette étude n’a pas réalisé de telles comparaisons. « Nous ne pouvons pasextrapoler », a déclaré M. Hallmann, « mais la preuve quenous avons est que tous les points vont dans la même direction, etc’est dans le sens du déclin. »