Le monde croule sous les déchets électroniques: le triste record de 2019 ne tiendra pas longtemps…

Un rapport rédigé par les Sustainable Cycles (SCYCLE) des Nations Unies révèle que l’an dernier, les objets électroniques ont généré près de 52,7 millions de tonnes de déchets dans le monde, soit 21% de plus qu’il y a cinq ans. Des chiffres saisissants quand on sait qu’en moyenne moins d’un cinquième des débris électroniques amassés sont recyclés.

Les pièces de valeur, comme les téléphones et les appareils électroménagers, sont généralement incinérées ou transportées dans des décharges. Il en va autrement pour les autres déchets électroniques (provenant des télévisions, ordinateurs, téléphones intelligents et autres gadgets électroniques) qui à eux seuls, représentent l’équivalent du poids de 350 grands navires de croisière.

50 tonnes de mercure dans l’environnement

Les petits appareils électroniques, comme les caméras vidéo, les jouets électroniques, les grille-pain et les rasoirs électriques, constituent la plus grande partie des déchets électroniques de 2019 (environ 32 %). Viennent ensuite les gros équipements comme les appareils de cuisine et les photocopieuses (24 %). Les écrans et les moniteurs comptabilisent à eux seuls, 7 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019. Les petits appareils d’informatique et de télécommunication comme les téléphones, représentent 5 millions de tonnes de déchets annuels.  

‘D’ici la fin de cette décennie, les déchets électroniques mondiaux atteindront un volume annuel de 72,8 millions de tonnes, soit près du double constaté il y a 16 ans’, affirme Ruediger Kuehr, qui a participé à la rédaction du rapport. L’augmentation de ces débris est notamment liée aux modes de consommation, devenus plus abondants. ‘Les cycles de vie des appareils sont beaucoup plus courts, tout comme la possibilité de pouvoir les récupérer pour une autre utilisation’, indique le rapport. 

Les déchets électroniques constituent également une menace pour la santé et l’environnement. Ces détritus contiennent des substances hautement toxiques comme du mercure. Les chercheurs estiment la quantité de mercure libérée dans l’environnement à environ 50 tonnes. Le mercure étant une neurotoxine qui directement affecte le cerveau, il peut aussi nuire au développement cognitif des enfants.

Si la majorité des pays dispose d’une politique propre au traitement des déchets électroniques, il est clairement nécessaire, au regard de ces chiffres, d’intensifier les efforts et de renforcer les mesures actuelles.

Des matériaux précieux

‘Seuls 17,4 % des déchets produits seraient collectés et recyclés’, affirment les chercheurs. Selon le récent rapport, en octobre 2019, près de 71 % de la population mondiale vivait pourtant dans un pays où les politiques de réglementation nationale en matière de déchets électroniques étaient d’application. ‘Le très faible pourcentage de déchets électroniques recyclés démontre bien que les dispositions en vigueur ne sont pas des plus efficaces’, déclare Mijke Hertoghs, chef de la division environnement et télécommunications d’urgence de l’International Telecommun. 

Au-delà de la pollution occasionnée, on déplore également la perte de 57 milliards de dollars de matériaux précieux, tels que l’or, l’argent, le cuivre ou le platine. ‘Ce montant est plus élevé que le produit intérieur brut de nombreux pays’, ont ajouté les chercheurs. L’utilisation de ces déchets pourrait également réduire les dommages environnementaux causés par l’extraction de nouveaux minéraux.

Avec un volume de 24,5 millions de tonnes l’année dernière, l’Asie est le plus grand producteur de déchets électroniques, suivie par les États-Unis (12,8 millions de tonnes), l’Europe (11,8 millions de tonnes), l’Afrique (2,85 millions de tonnes) et l’Océanie (0,68 million de tonnes).

Le rapport a été rédigé en collaboration avec l’Union internationale des télécommunications, l’Association internationale des déchets solides, le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’Organisation mondiale de la santé et le ministère allemand de la coopération économique et du développement. Il s’agit du troisième rapport mondial produit depuis 2014.

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