Le Mali va-t-il embaucher des mercenaires russes ?

Des sources anonymes confirment que la junte militaire malienne négocierait l’emploi de mercenaires du Groupe Wagner. Ceux-ci travaillent généralement en collaboration directe avec le Kremlin. Personne ne confirme, mais la France s’inquiète de cet empiètement sur sa zone d’influence traditionnelle.

Alors que les Nations Unies s’inquiètent de la situation au Mali, où le retrait militaire annoncé de la France fait craindre un retour en force des mouvements jihadistes, des sources diplomatiques européennes indiquent que la Russie pousserait ses pions dans la région, selon le média paneuropéen Euractiv. La junte militaire qui a récemment pris le pouvoir dans le pays serait sur le point de passer un accord avec le Groupe Wagner, une société militaire russe qui pratique le mercenariat, en général en collaboration avec la Fédération de Russie. Le Groupe est actif en Ukraine dans la région séparatiste du Donbass, de même qu’en Syrie.

Un millier de mercenaires

L’accord porterait sur un millier de mercenaires russes, qui assureraient la formation des troupes maliennes ainsi que la sécurité rapprochée des caciques du nouveau régime, qui ont mené un coup d’État militaire en mai dernier (le troisième en 10 ans). D’autres sources parlent d’effectifs moins élevés. En échange, le régime malien s’engagerait à payer six milliards de francs CFA par mois pour ces mercenaires, soit un peu plus de 9 millions d’euros.

Ni le Groupe Wagner ni aucune personne liée à la Russie n’a confirmé la véracité de ces négociations. L’entreprise de mercenariat est en tout cas déjà fort active en Centrafrique, où elle assure la protection rapprochée du président, mais où elle mène aussi des opérations contre des forces rebelles. Le Groupe Wagner est accusé de nombreuses violations des droits humains sur ces théâtres d’opérations.

Accroc au pré carré français

Toujours selon les mêmes sources d’Euractiv, la France pèserait en tout cas de tout son poids pour contrecarrer cet accord. Un ballet diplomatique aurait commencé entre Paris, Moscou, et Bamako. Il faut dire que l’ancienne puissance coloniale n’aurait rien à gagner à une porte ouverte à l’ingérence russe dans une région du monde qui fait traditionnellement partie de sa propre zone d’influence. Si le Mali engage ces mercenaires russes, ceux-ci risquent bien d’empiéter sur les missions confiées au groupement de forces spéciales européennes « Takuba », auquel participe la Belgique, et qui regroupera 600 soldats. Ceux-ci doivent remplacer la présence militaire française dans le pays, très controversée pour les Maliens, et donc le président Macron a annoncé le départ en juin dernier.

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