Le gouvernement fédéral est maintenant prêt à fournir des armes à l’Ukraine : même les écologistes sont explicitement d’accord

La coalition fédérale change son fusil d’épaule. Littéralement. Après que le Conseil national de sécurité a été informé mercredi qu’aucun stock n’était disponible pour répondre à la demande de l’Ukraine, il réexamine à présent la question. Il n’y a plus de tabous, entend-on. Les Verts sont également prêts à fournir des armes à l’Ukraine, qui en a fait la demande. L’irritation suscitée par les accusations portées contre la Vivaldi a été vive.

Dans l’actualité : La Belgique vient finalement en aide à l’Ukraine sur le plan militaire. Avec des armes.

  • « Tout est sur la table. Dont des armes. » C’est l’explication courte mais claire qu’un vice-premier ministre nous a donnée cet après-midi, au sein de la Vivaldi. Le gouvernement ne veut absolument plus donner l’impression que la Belgique se tiendrait à l’écart sur le sujet de l’invasion russe en Ukraine.
  • Ce faisant, la Belgique prend à nouveau un virage : cette semaine encore, lors de la réunion du Conseil national de sécurité de mercredi, la Vivaldi a décidé de fournir du ravitaillement, mais seulement du matériel humanitaire et des kits d’hygiène, et éventuellement d’envoyer la force humanitaire d’intervention rapide B-Fast. L’argument de la « désescalade » était invoqué.
  • L’autre raison évoquée mercredi par le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) pour ne pas aller plus loin était que « la Belgique ne pouvait rien offrir de plus, si elle voulait être en mesure de remplir ses propres obligations envers l’OTAN ».
  • Aujourd’hui, on entend dire au sein du gouvernement que la Défense « va réexaminer la liste des demandes déposées par l’Ukraine ». « Espérons qu’il n’est pas trop tard » a déclaré à VTM Sophie Wilmès (MR), la ministre des Affaires étrangères.
  • Mais ce qui est important, c’est qu’ailleurs dans le gouvernement, « il n’y a plus de tabous ». Les Verts ont même explicitement accepté que notre pays fournisse des armes.

Le contexte : Une lettre du ministre ukrainien de la défense a provoqué des tensions en interne.

  • C’est une fuite de la liste du matériel demandé par l’Ukraine, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Bruxelles, et d’une lettre d’accompagnement du ministre ukrainien des Affaires étrangères, qui a suscité le plus d’irritation. Cette liste, contenant au total 27 demandes différentes, avait atterri sur le bureau de Ludivine Dedonder (PS), notre ministre de la Défense, il y a plusieurs semaines.
  • La liste contient toute une série d’équipements désirés par les Ukrainiens. Elle comprend de nombreux objets non létaux tels que des lunettes de vision nocturne, des casques, des gilets pare-balles, des caméras thermographiques, des équipements de communication militaire, des radars, des robots démineurs, des systèmes sonar, des véhicules médicaux et des brouilleurs anti-drones.
  • Mais les Ukrainiens ont également demandé des armes et des moyens antiaériens : Défense aérienne SAM, missiles sol-air, systèmes portatifs de défense aérienne (Mistral) et lance-grenades (M2), ainsi que des munitions pour mitrailleuses, mortiers, artillerie et même pour la marine.
  • Cette question a été discutée lors de la réunion du 31 janvier. Mais la ministre socialiste de la Défense avait fait savoir qu’il n’y avait « en fait rien sur la liste que la Belgique pouvait fournir à part des casques ». A cette époque, selon diverses sources, la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès (MR) incitait plutôt à aller de l’avant.
  • Mais parce que d’autres membres du gouvernement ont demandé une coordination avec les pays de l’UE, et parce que rien n’était disponible de toute façon, la demande de l’Ukraine n’a pas été satisfaite à la fin du mois de janvier. Lorsque, à la mi-février, ce refus de la Belgique à l’égard de l’Ukraine a fait l’objet d’une fuite, les écologistes ont été pointés du doigt pour la première fois : ils ne fourniraient pas d’armes à l’Ukraine pour des raisons de principe, a-t-on appris de plusieurs sources gouvernementales. Les élus écologistes l’ont nié avec véhémence à l’époque, même s’ils n’étaient pas non plus particulièrement enthousiastes à l’idée de fournir des armes, ils ont dû l’admettre.
  • Juste avant que le conflit n’éclate au grand jour en Ukraine hier matin, le Conseil national de sécurité du gouvernement fédéral s’est réuni à nouveau. Là aussi, Dedonder a réitéré sa position selon laquelle rien n’était réellement disponible au dépôt de la Défense. Selon des sources gouvernementales, tant Wilmès que Frank Vandenbroucke (Vooruit) ont insisté pour envoyer des armes.
  • Mais d’autres soulignent « que cette liste des Ukrainiens n’a même pas été présentée par Dedonder, et qu’il n’y a donc pas eu de véritable discussion au Conseil de sécurité ».
  • « La Vivaldi avait soi-disant décidé de ne pas livrer, désolé, mais le kern n’a jamais vu cette liste. Et ça, c’est donc Dedonder qui l’avait décidé. »
  • Ce matin, certaines personnes ont été très irritées par la série d’accusations au sein de la Vivaldi, selon lesquelles la Belgique a livré si peu à l’Ukraine et seulement sous forme de matériel humanitaire et de kits de premiers secours.
  • Par ailleurs, le spécialiste de la Défense Jasper Pillen (Open Vld) a souligné ce matin sur Twitter que l’armée belge ne dispose pas de tout ce qui figure sur la liste des Ukrainiens : « Bien sûr, on peut difficilement envoyer des choses que l’on n’a pas soi-même. Hier dans l’hémicycle et aujourd’hui encore, certains plaident en faveur de l’envoi de systèmes d’arme sol-air Mistral. Euh, quels systèmes Mistral? Ceux que nous avons tirés pour la dernière fois en 2017 après la décision du ministre de l’époque de les supprimer ? », a-t-il rappelé, pointant du doigt la responsabilité du précédent ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA).
  • Mais depuis l’opposition, Theo Francken (N-VA) a ensuite fait remarquer que la Défense a effectivement beaucoup de choses en stock que les Ukrainiens veulent.

Le contexte : « J’espère qu’il n’est pas trop tard », a déclaré Wilmès.

  • Pendant ce temps, dans les cercles gouvernementaux, on s’étonne de la vitesse à laquelle les Russes avancent : l’encerclement de Kiev semble avoir commencé. Mais le gouvernement veut quand même voir ce qu’il peut faire. Personne ne veut entendre le reproche selon lequel la Vivaldi ne soutient l’Ukraine qu’à travers des paroles. Cela explique immédiatement pourquoi Dedonder doit à nouveau faire ses devoirs et voir ce qui est disponible. « Pas de tabous », entend-on, au sein du gouvernement.
  • « L’intention n’est pas que notre matériel tombe entre les mains des Russes, donc nous devons voir comment nous pouvons l’y amener », nous dit-on.
  • Le fait que Wilmès tire désormais ostensiblement vers elle le dossier militaire n’est peut-être pas une coïncidence, comme le savent les initiés. « Elle ne veut certainement pas compromettre ses chances de devenir patronne de l’OTAN », a fait remarquer cyniquement une source.
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