Le gaz naturel est un carburant vert, dit l’Europe : les mouvements environnementaux réagissent, « très inquiets »

La Commission européenne voit un rôle pour le gaz naturel dans la transition vers une économie neutre sur le plan climatique. C’est ce que prévoit son plan d’investissements durables. Le gaz naturel est cependant un combustible fossile qui produit des gaz à effet de serre.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis des mois, les États membres de l'Union européenne sont en désaccord sur la manière dont l'Europe doit classer les projets de gaz naturel. Le gaz naturel produit environ deux fois moins de dioxyde de carbone (CO2) que le charbon lorsqu'il est brûlé dans des centrales électriques, mais il est la source de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant.

La Commission européenne a présenté mardi ses projets en matière de finance durable, qui devraient servir de cadre à des investissements tels que les obligations vertes. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du « Green Deal » lancé l’année dernière. La Commission souhaite développer un système de classification (taxinomie européenne) qui apporte de la clarté aux investisseurs qui souhaitent investir dans des projets durables.

« Du charbon au gaz naturel »

Dans les textes présentés mardi par les commissaires européens compétents Valdis Dombrovskis et Mairead McGuinness, le gaz naturel est explicitement mentionné comme l’un des moyens « de réduire les gaz à effet de serre, ce qui favorise la transition vers la neutralité climatique ».

Le raisonnement qui sous-tend cette décision est que le charbon, dont de nombreux pays d’Europe centrale et orientale dépendent encore fortement, est plus polluant que le gaz naturel. En apposant un label vert sur le gaz naturel, la Commission peut espérer encourager des pays comme la Pologne ou la République tchèque à passer au gaz. Mais les critiques y voient la main des lobbyistes du secteur gazier.

« Pas crédible »

Les organisations environnementales, dont le Fonds mondial pour la nature WWF, affirment qu’il n’est pas crédible de qualifier un combustible fossile comme le gaz naturel de « vert » ou de « durable », même si ce n’est que pour une période de transition. Greenpeace fait référence à la spectaculaire fuite de gaz de la semaine dernière dans le Golfe du Mexique.

L’organisation de consommateurs BEUC est également déçue. Monique Goyens, membre de la direction du BEUC, a déclaré : « La mesure bienvenue visant à promouvoir les investissements verts est éclipsée par la nouvelle selon laquelle la Commission a toujours l’intention de qualifier le gaz fossile de vert. L’interdiction du gaz n’est pas en jeu dans cette stratégie. Ce qui est en jeu, c’est la présentation erronée du gaz comme étant durable. »

Nucléaire

L’énergie nucléaire déchire elle aussi l’Europe. Cinq pays (Allemagne, Autriche, Danemark, Luxembourg et Espagne) ont écrit une lettre à la Commission, stipulant qu’ils ne reconnaitront pas la taxinomie européenne dans le cas où l’énergie nucléaire serait requalifiée de verte et durable.

Dans le camp adverse, on retrouve la France et plusieurs Etat de l’Est. Difficile de contenter tout le monde.

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