Le professeur-star a une énorme influence, notamment via les réseaux sociaux. Ses recherches et son traitement contre le coronavirus sont toujours controversés, mais cela n’empêche pas certains de l’écouter comme un pape. Plusieurs décès suspects sont pourtant à l’étude après l’usage de chloroquine. Aujourd’hui, Didier Raoult met en garde contre l’automédication.
‘Faites attention, ne vous autoprescrivez pas ça. En particulier, il faut qu’un médecin vous le prescrive, il faut un électrocardiogramme et que l’on dose le potassium dans votre sang. Il ne faut pas improviser, ce sont quand même des médicaments et il faut faire attention.’
Le docteur Raoult, grand défenseur de l’hydroxychloroquine, qu’il conseille de jumeler avec l’antibiotique azithromycine, pour traiter les malades du coronavirus vient de publier une vidéo dans laquelle il met en garde contre toute automédication.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait fait de même 24 heures plus tôt: ‘En aucun cas, ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni en autoprescription d’un médecin pour lui-même, pour le traitement du Covid-19.’
L’Agence étudie d’ailleurs trois décès suspects qui avaient été traités avec du Plaquénil, pourtant au sein d’un hôpital. Au début du phénomène hydroxychloroquine, on se souvient qu’un Américain avait englouti de sa propre initiative une dose trop importante avant de décéder.
L’ANSM remarque toutefois que les ventes de Plaquénil sont en forte hausse en dépit de l’interdiction. Elles seraient multipliées par 3, alors que ce médicament sert normalement à traiter le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde.
Outre les décès, de plus en plus de cas de troubles du rythme cardiaque graves sont rapportés aux différentes agences régionales.
Une nouvelle étude ‘probante’ en Chine
En Chine, une équipe de l’hôpital de Wuhan a effectué une nouvelle étude aux résultats plutôt probants. L’étude n’a toutefois pas été revue par un comité de lecture et donc publiée dans aucune revue scientifique.
Les chercheurs ont divisé aléatoirement un échantillon de 62 patients infectés en deux groupes. Le premier bénéficiant d’une dose d’hydroxychloroquine (400 mg/jour) et le second n’en bénéficiant pas. Âge moyen des patients: 44,7 ans.
Souffrant de pneumonie, le premier groupe a vu son état s’améliorer à 80,6% (61,3% de manière notable) contre 54,8%. Les autres symptômes comme la fièvre et la toux se sont également atténués dans de plus grandes proportions.
Les chercheurs estiment les résultats prometteurs, mais restent prudents: ‘le potentiel de l’hydroxychloroquine pour le traitement du Covid-19 a été partiellement confirmé’, soulignant qu’il faut ‘une étude clinique plus large et des recherches (…) pour éclairer le mécanisme spécifique de l’hydroxychloroquine et optimiser le traitement’.