Le coronavirus, révélateur et catalyseur des inégalités raciales américaines: les chiffres

La crise du coronavirus a durement frappé les États-Unis dans leur ensemble, mais elle s’est avérée encore plus dévastatrice pour la communauté noire et les minorités. Et la mort de George Floyd, asphyxié par un policier à Minneapolis le 25 mai dernier, a achevé d’exacerber ces inégalités.

Inégalités face au chômage

Depuis le début de la crise économique provoquée par la crise sanitaire du coronavirus, plus de 40 millions d’Américains se sont inscrits au chômage. Le taux global est passé de 3,5% à près de 15% entre février et mai. Mais l’explosion n’a pas touché tous les groupes de population de la même manière.

En février, le taux de chômage était de 5,8% pour les personnes noires et de 3,1% pour les blanches. Il est passé à 16,7% pour les premières et 14,2%, pour les secondes.

Entre février et avril, près d’un Noir américain sur cinq (17,8%) a perdu son emploi contre près d’un travailleur blanc sur sept (15,5%), selon les chiffres de l’EPI, the Economy Policy Institute, publiés le 1er juin et relayés par RFI.

Inégalités face au travail

‘Non seulement les travailleurs noirs perdent leur emploi à un rythme incroyable, mais ceux qui ne le perdent pas occupent des fonctions essentielles peu rémunérées, sans télétravail possible’, pointe Valerie Wilson, économiste à l’EPI, un think tank progressiste.

Notons également que moins de 10% des chefs d’entreprise américains sont des Noirs. Et quand ils le sont, c’est dans des secteurs durement touchés par la crise. Selon le Département d’Etat au Travail, 40% des revenus des entreprises appartenant à des Noirs sont réalisés dans les cinq secteurs les plus vulnérables: horeca, commerce, loisirs, etc.

Inégalités face à la santé

Grande distribution, soins de santé, livraison… Des jobs qui se retrouvent en première ligne face au virus. Et ces emplois, faiblement rémunérés, ne sont la plupart du temps pas assortis d’une assurance-maladie.

Pourtant, divers facteurs rendent les personnes issues de la communauté noire plus vulnérables au Covid-19:

  • Selon l’étude de l’EPI, il existe des disparités raciales comme la prévalence du diabète, des problèmes cardiovasculaires ou de l’obésité. Des facteurs de comorbidités avérés face au nouveau coronavirus.
  • De plus, les familles noires ont plus tendance à vivre à plusieurs générations sous le même toit, dans des habitations en moyenne plus petites et dans des zones plus densément peuplées… Des facteurs qui favorisent évidemment la propagation du virus.

Conséquence de tout cela: les Noirs américains sont trois à quatre fois plus touchés par le coronavirus que les autres citoyens. Les Noirs représentent 12,5% de la population des États-Unis, et 22,4% des décès liés au Covid-19.

Inégalités face aux revenus

En 2018, le revenu médian des ménages blancs était 70% plus élevé que celui des ménages noirs: 70.000 dollars annuels contre environ 42.000. Aux Etats-Unis, un Noir sur cinq vit par ailleurs sous le seuil de pauvreté avec à peine 26.000 dollars par an pour faire vivre une famille de quatre personnes.

De telles différences de revenus entraînent forcément de grandes disparités dans la capacité des ménages à économiser pour faire face aux épisodes de crise.

Inégalités face aux aides

Des aides ont bien été mises en place pour épauler les ménages les plus pauvres, mais là encore des inégalités jouent en la défaveur des Noirs.

Le CARES Act, destiné à lutter contre les retombées économiques du coronavirus, prévoit une indemnité de 1.200 dollars pour les personnes dont le revenu brut est inférieur à 75.000 dollars et les ménages qui gagnent moins de 150.000 dollars. Un très grand nombre de ménages de la communauté afro-américaine devrait donc pouvoir bénéficier de ces aides.

Mais pour en bénéficier, il faut disposer d’un compte bancaire, ce qui n’est pas le cas de 17% des ménages noirs, contre seulement 3% des ménages blancs…

Encore une inégalité…

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