Avec près de 38.000 morts, l’État de New York est l’une des régions les plus durement touchées au monde par le Covid-19. Plus de 300.000 New-Yorkais ont quitté la ville au cours des derniers mois, selon les chiffres du service postal américain USPS. En moins de 9 mois, le marché de la location s’est complètement effondré.
Au début de cette année, le marché de l’immobilier à New York était encore en bon état. Les prix de vente se sont légèrement stabilisés, mais le marché de la location est resté fort. Douze mois plus tard, il s’est complètement effondré. Les appartements à Manhattan ont connu une baisse de prix de 21 % en moyenne, dont 12,7 % rien qu’en novembre. Plus impressionnant encore, dans certains immeubles, des réductions de plus 30% ont été appliquées.
Cette baisse dépasse désormais celle qu’a connue la ville en 2008, lorsque des milliers de personnes ont été expulsées de leur logement en raison de la crise financière.
Le prix médian d’un appartement est à nouveau inférieur au niveau de 2010, soit 2.776 dollars. En mars, on se situait à 3.509 dollars. Dans les banlieues de la ville, comme Brooklyn et Queens, beaucoup de biens immobiliers sont encore vendus, mais cela se déroule – surtout dans le segment supérieur – généralement avec des remises importantes. Les loyers y restent légèrement plus abordables, avec une baisse de 6 %.
Offre excédentaire dans le segment supérieur
Big Apple peut-elle renverser rapidement la situation ? Cela semble peu probable, affirme l’économiste Nancy Wu dans le New York Times. A cause des pertes d’emplois massives et d’une offre excédentaire d’appartements haut de gamme. Manhattan ne sera pas nécessairement bon marché, mais elle attirera désormais des gens qui ne pouvaient pas se permettre d’y vivre dans le passé. Dans le quartier de Tribeca, les familles ayant un revenu annuel de 140.000 dollars ont quitté la ville pour être remplacées par des familles gagnant 82.000 dollars par an.
Les propriétaires préfèrent également octroyer un certain nombre de mois gratuits plutôt que de réduire le loyer. Ce qui permet d’attirer de nouveaux locataires. Mais il y a toujours un risque qu’ils ne soient pas en mesure de remplir leurs obligations une fois qu’ils devront commencer à payer.
Les magasins de luxe remplacés par des alternatives moins chères
Mais le pire est encore à venir. Dans les prochains mois, des centaines de milliers de locataires seront menacés d’expulsion, étant donné que le gouvernement va progressivement lever l’interdiction d’expulsion. Moody’s estime leur nombre entre 100.000 et 590.000, en fonction de ce que décidera le Congrès américain. En avril, le maire Bill De Blasio avait gelé indéfiniment le loyer de 2 millions d’habitants de la ville.
Cela menace également de changer radicalement les scènes de rue de Manhattan. Les experts en immobilier s’attendent à ce que les marques de luxe soient bientôt remplacées par des marques moins chères. Entre février et juillet, le taux d’inoccupation dans la ville a lui aussi considérablement augmenté.