Les services de renseignement américains ont dénoncé la forte influence que tente d’avoir la Chine sur les personnes amenées à faire partie de l’administration Biden. En outre, le département de la Justice a annoncé le départ d’un millier de chercheur chinois suite à des investigations lancées pour espionnage.
‘Les services de renseignement nationaux ont constaté, ce qui avait d’ailleurs été anticipé, que la Chine allait désormais réorienter ses campagnes d’influence vers la nouvelle administration’, a alerté mercredi William Evanina, directeur de la branche de contre-espionnage des services de renseignement américain.
Lors d’un forum avec le think tank ‘Aspen Institute’, Evanina a mis en garde contre la virulence de cette campagne d’influence, qui vise des proches du président-élu Joe Biden. Tant les personnes qui ont déjà été choisies pour faire partie de son administration, que celles qui sont susceptibles d’être sélectionnées, sont ciblées. Le chef du contre-espionnage américain n’hésite pas à qualifier de cette ‘influence étrangère malveillante’ de ‘campagne sous stéroïdes’.
Evanina a ajouté que son équipe tenait à s’assurer que l’administration Biden ‘comprenne cette influence, [sache] à quoi elle ressemble, quel est son goût, ce que l’on ressent quand on la voit’. De son côté, l’équipe du président-élu a préféré s’abstenir de tout commentaire. Par le passé, elle a déjà indiqué qu’elle se montrerait vigilante et qu’elle était préparée vis-à-vis de cyberattaques provenant de l’étranger.
Evanina a également déclaré que la Chine avait tenté de s’immiscer dans les élections américaines ainsi que dans les efforts des États-Unis pour développer son vaccin contre le Covid-19.
1.000 chercheurs chinois ont quitté le pays
Lors de la même discussion, il a été révélé que près d’un millier de chercheurs liés à l’armée chinoise venaient tout juste de quitter le pays. Ils sont soupçonnés d’avoir travaillé aux États-Unis à des fins d’espionnage industriel ou technologique. Ceux-ci seraient rentrés en Chine après que le département de la Justice ait lancé plusieurs enquêtes criminelles les ciblant.
Ces investigations ont mené à quelques arrestations de chercheurs chinois qui avaient caché leur affiliation à l’Armée populaire de libération (APL) de la Chine.
‘Ces cinq ou six arrestations n’étaient que la partie émergée de l’iceberg et, honnêtement, la taille de l’iceberg était telle que je ne sais pas si quelqu’un avait conscience de son l’ampleur… Plus de 1.000 chercheurs chinois affiliés à l’APL ont quitté le pays’, a déclaré John Demers, directeur la division de la sécurité nationale au sein du département américain de la Justice.
‘Seuls les Chinois ont les ressources, la capacité et la volonté’ de mener des activités d’espionnage et d’influence à cette échelle, a-t-il ajouté.
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Des précédents
Il ne s’agit pas des mêmes personnes que celles qui avaient vu leurs visas annulés par les États-Unis en septembre dernier. À l’époque, un millier d’étudiants et chercheurs chinois avaient dû quitter les USA, eux aussi soupçonnés d’espionnage. L’épisode avait fortement déplu à Pékin, qui avait dénoncé une ‘persécution politique et une discrimination raciale pure et simple’. Washington avait motivé ses sanctions par des craintes pour sa sécurité nationale.
Le FBI enquête depuis plusieurs mois concernant l’utilisation de chercheurs par la Chine pour mener des activités d’espionnage. Ces investigations avaient mené, en juillet dernier, à la fermeture du consulat chinois à Houston.
Dans un contexte plus global, les relations entre Washington et Pékin n’ont fait que s’envenimer ces dernières années. L’administration Trump s’est attaquée à plusieurs reprises à la Chine, sur les terrains du commerce, de l’autonomie de Hong Kong ou encore de la pandémie de coronavirus.