Le 11e paquet de sanctions de l’UE contre la Russie se précise et il concerne aussi des entreprises chinoises : Pékin est furieux

La Commission européenne a proposé aux États membres son 11e paquet de sanctions à l’encontre de l’économie russe. Et pour la première fois, il concerne également des entreprises tierces, notamment chinoises, accusées de contourner les sanctions et d’approvisionner la machine de guerre russe.

Dans l’actu : le 11e paquet de sanctions de l’UE contre la Russie.

  • 541 sociétés sont dans l’œil de l’UE, dont 526 Russes. On y retrouve aussi 8 entreprises chinoises et hongkongaises.
  • Ces entreprises sont accusées de contourner les sanctions et de réexporter vers la Russie des biens sensibles. Deux compagnies des Émirats arabes unis, deux en Ouzbékistan, une entreprise en Arménie, en Syrie et en Iran sont également dans le collimateur.

Zoom avant : de quels produits parle-t-on ?

  • Il est spécifiquement question de semi-conducteurs et de circuits intégrés, qui sont utilisés par le complexe militaro-industriel russe.
  • On évoque aussi, dans une moindre mesure, des réfrigérateurs, imprimantes, calculatrices électroniques et d’autres produits.
  • Les institutions européennes ont constaté une augmentation des importations de ces produits en Chine, aux Émirats, en Turquie et au Kazakhstan en vue de leur réexportation vers la Russie.
  • Le 11e paquet de sanctions pourrait aussi concerner un embargo sur des métaux comme le fer et l’acier ou d’autres produits transformés qui utilisent des métaux. Pour l’heure, le paquet de sanctions ne concerne pas le commerce de diamants avec la Russie. Ce qui n’est pas pour déplaire à la Belgique et à sa capitale du diamant, Anvers. Mais une réunion du G7 doit se tenir du 19 au 21 mai, à Hiroshima (Japon), et ce dossier y sera évoqué, apprend l’AFP.

Le détail important : l’influence américaine.

  • Fin avril, les États-Unis avaient déjà lancé l’alerte à leurs alliés européens concernant les efforts russes pour échapper aux sanctions.
    • Washington avait mis en garde la Suisse, l’Autriche, l’Italie et l’Allemagne contre les tentatives de Moscou de « réparer » ses chaînes d’approvisionnement militaro-industrielles dégradées par les sanctions en contournant les contrôles occidentaux à l’exportation.
    • Selon un haut fonctionnaire américain, la Russie s’inspire d’autres pays lourdement sanctionnés, tel que l’Iran, pour savoir comment obtenir des technologies sensibles par des moyens détournés.

Et maintenant ? Le 11e paquet ne devrait pas être mis en place avant le mois de juin.

  • Une adoption du 11e paquet de sanctions semble inenvisageable avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, organisée les 22 et 23 mai prochains.
  • De sources diplomatiques, il est attendu que cette nouvelle salve contre la Russie et ses alliés de circonstance serait adoptée lors du prochain sommet des États membres, le 30 juin. Nul doute que les pressions seront intenses d’ici-là.

Pékin fulmine

Et ça a déjà commencé : la Chine est furieuse.

  • La Chine n’aura pas mis longtemps à réagir au document de 155 pages rédigé par la Commission européenne à destinations des États membres.
  • Si de telles sanctions sont adoptées à l’égard d’entreprises chinoises, « la confiance mutuelle et la coopération entre l’UE et la Chine risquent d’être gravement compromises ».
  • « La division et la confrontation au niveau mondial ne feront qu’augmenter », a averti Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
  • Pékin parle déjà de représailles : « C’est très dangereux. Nous demandons instamment à l’UE de ne pas s’engager sur cette mauvaise voie. Dans le cas contraire, la Chine prendra des mesures fermes pour sauvegarder ses intérêts légitimes et légaux. »

À noter : ce 11e paquet de sanctions n’évoque pas l’éléphant dans la boutique de porcelaine : le pétrole russe qui transite par des pays tiers pour revenir sur le continent européen. Les volumes d’échange du pétrole russe n’ont quasiment pas bougé depuis l’établissement des sanctions occidentales. L’or noir russe a pu trouver d’autres débouchés, à un prix toutefois nettement moins intéressant pour Moscou, seule satisfaction pour l’Europe.

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