“La généralisation des ordinateurs et de l’Internet créera 2 catégories d’emplois. Vous aurez des gens qui donneront des ordres aux ordinateurs, et des gens à qui les ordinateurs donneront des ordres”. Cette citation, nous la devons à Mark Andreessen, un capital-risqueur qui est aussi l’un des pionniers de l’Internet. Depuis, il a changé d’avis, et adopté une vision plus positive de la robotisation. Pourtant, des économistes lui donnent raison.
Ces économistes se demandent quels emplois les hommes pourront occuper lorsque les ordinateurs nous dépasseront certaines de nos possibilités mentales, et qu’ils seront omniprésents.
Finalement, la robotisation ne supprime pas l’emploi humain
Jusqu’alors, c’était plutôt la possibilité que les robots rendent les humains obsolètes qui inquiétaient les chercheurs. Mais comme aux États-Unis, le taux de chômage a retrouvé ses niveaux d’avant crise, cette préoccupation est atténuée, et l’on se pose désormais plutôt la question de la qualité des emplois qui pourront être proposés.
Jusqu’alors, c’était plutôt la possibilité que les robots rendent les humains obsolètes qui inquiétaient les chercheurs. Mais comme aux États-Unis, le taux de chômage a retrouvé ses niveaux d’avant crise, cette préoccupation est atténuée, et l’on se pose désormais plutôt la question de la qualité des emplois qui pourront être proposés.
Un partage des revenus défavorable pour les travailleurs
En 2010, l’économiste du travail David Autor a averti que les tâches routinières, c’est à dire les emplois de travail à la chaîne ou le travail de bureau traditionnel, par exemple, étaient en passe d’être automatisés. Ces emplois consistent en des tâches prévisibles et répétitives – exactement le type d’activités pour lesquelles les ordinateurs surpassent les humains.
Bien que l’automatisation contribue à créer plus de richesse, et qu’elle n’ait finalement pas réduit le nombre des emplois, les travailleurs ne profiteront pas des gains de richesse correspondants, et ce seront plutôt les propriétaires des entreprises, qui s’accapareront la part du lion des bénéfices. David Autor, Professeur du Travail au M.I.T., et sa collègue Anna Salomons, de l’Université d’Utrechtmais des propriétaires d’entreprises. Certains économistes affirment que la technologie bon marché fait baisser la part du travail dans le partage du revenu mondial. Une étude récente d’Autor réalisée en collaboration avec Anna Salomons conclut que depuis les années 1970, les secteurs économiques où l’on constate une croissance plus rapide de la productivité, des brevets internationaux et de l’adoption des robots, sont aussi ceux où le capital a été plus rétribué que la main-d’œuvre.
La menace du machine learning
Depuis 2013, c’est l’émergence du “machine learning”, ou “apprentissage automatique”, qui suscite le plus d’inquiétudes. Ces technologies dotent les ordinateurs de compétences telles que la reconnaissance d’images et la parole, qui étaient auparavant l’apanage des humains.
De nombreux capital-risqueurs et chefs d’entreprises parient sur ces machines pour remplacer les chauffeurs routiers, les cuisiniers, et d’autres professionnels qui étaient jusqu’ici à l’abri de l’automatisation. L’adoption graduelle de ces technologies fait envisager un avenir dans lequel les employés les moins qualifiés se verront constamment privées de leur emploi par des automates, ce qui les forcera à prendre de nouveaux emplois, impliquant des tâches différentes, jusqu’à ce que ceux-ci, à leur tour, soient automatisés.
Trouver des systèmes pour protéger les travailleurs
Que pourrait-on faire pour éviter ce scénario infernal ? On évoque souvent la mise en place d’un revenu minimum, d’une garantie étatique d’emploi, ou de subventions pour les entreprises qui maintiendront des effectifs humains.
Mais selon Bloomberg, on pourrait aussi créer un fonds collectif pour acheter des parts de sociétés avec les recettes des impôts, et en distribuer les revenus (les dividendes) aux citoyens : “Un fonds social créerait une véritable société de la propriété, assurant la population active contre la généralisation des robots en permettant à chaque personne de posséder une partie de la production de ces robots”.