Lors d’une réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève, 15 pays incluant les États-Unis, l’Inde et la Nouvelle-Zélande, se sont plaints des préjudices qu’ils s’attendent à subir en raison du Brexit. En effet, ils redoutent de se retrouver avec un accès moins favorable à des marchés importants en raison de la répartition des “contingents tarifaires” entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.
Ces “contingents tarifaires préférentiels” sont issus d’accords signés avec des pays tiers. Ils prévoient qu’une certaine quantité de marchandises (qui ne peuvent pas être des produits finis) bénéficient de droits de douane plus favorables que ceux qui découlent de l’application du règlement de l’OMC, voire nuls. Ce système s’applique en particulier sur les productions agricoles d’un certain nombre de pays.
Le Brexit rebat les cartes des contingents tarifaires
Mais en rebattant les cartes, le Brexit risque de rogner ces avantages. En effet, il implique une répartition de ces contingents entre le Royaume-Uni et l’UE. L’Australie estime ainsi qu’à l’issue de cette répartition, son accès au marché européen sera réduit. Les Etats-Unis redoutent de perdre la réduction des droits de douane sur les fromages à pizza exportés au Royaume-Uni, et sur les jus de raisin exportés à l’UE. De même, les participants se sont inquiétés que l’une des parties prenantes du Brexit s’accapare la totalité de ces contingents, ce qui signifierait que les exportateurs ne pourraient plus en bénéficier sur leurs ventes à l’autre partie. Les Etats-Unis pensent ainsi qu’ils pourraient en pâtir sur leurs ventes de porc et de vin.
En conséquence, certaines nations réclament des compensations à l’OMC, qui pourraient consister à des droits de douane réduits sur certaines de leurs autres exportations.
L’Australie et le Brésil
L’Australie a indiqué qu’elle subissait déjà l’impact du Brexit. Les incertitudes qui entourent l’application de ces contingents tarifaires post-brexit ont conduit certains producteurs de boeuf et d’agneau à suspendre leurs ventes de viandes prisées vers l’Union Européenne, malgré l’approche des fêtes des fin d’année.
De son côté, le Brésil s’inquiète de la solution qui pourrait être retenue pour l’Irlande du Nord en matière de contrôles douaniers. Selon lui, elle pourrait constituer une discrimination au regard des règles de l’OMC. D’après les spéculations de la BBC, il tire probablement cette réclamation de l’ouverture de la frontière entre l’Irlande du Nord (qui appartient Royaume-Uni) et la République d’Irlande (membre de l’UE), estimant qu’elle pourrait permettre aux marchandises de circuler librement entre le Royaume-Uni et l’UE. De même, certains produits, normalement soumis à des droits de douane, pourraient s’en trouver exemptés, alors que les produits provenant d’autres pays du monde n’y échapperaient pas.