L’application ‘STOP Covid’ qui fait encore largement débat dans la société devrait être lancée en phase de test le 11 mai. Elle n’est pourtant pas encore prête selon le ministre français de la Santé, Olivier Véran.
En France, le secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, a défendu à nouveau ce dimanche le projet d’une application de tracing. Sur le site Médium, il réaffirme sa volonté de débuter les tests en conditions réelles dès le 11 mai, soit le premier jour du déconfinement en France. Il sous-entend que c’est toujours le projet du gouvernement français.
Pourtant, le même jour, son collègue, le ministre de la Santé Olivier Véran annonçait à la sortie du Conseil des Ministres que l’application ne sera pas prête pour le 11 mai. De nombreux problèmes persistent encore et aucun vote au parlement n’a encore été décidé.
Respect de la vie privée
Cette application, qui fonctionne par Bluetooth, a pour but de faire une liste de toutes les personnes avec qui un malade a été en contact. Il sera donc possible de prévenir ces personnes d’une possible contamination et de contenir ainsi la propagation du virus à la sortie du confinement.
La France a décidé de récolter toutes les données de manière centralisée, c’est-à-dire sur un grand serveur national. Ainsi, les autorités sanitaires y auront accès plus rapidement. Cela pose d’importantes questions sur la vie privée. Cependant, selon Cédric O, c’est bien plus sécurisé que l’approche décentralisée, où chaque utilisateur stocke sur son téléphone les données des autres utilisateurs qu’ils rencontrent. Une approche pourtant privilégiée par l’Allemagne.
Pour l’association de défense des libertés numériques, Quadrature du Net, le débat va plus loin. Elle redoute que l’anonymat ne soit pas respecté, que l’utilisation de l’application devienne obligatoire et qu’elle finisse avec le temps par augmenter son champ d’action réduisant un peu plus les libertés individuelles. Elle demande donc l’annulation totale de ce projet.
Efficacité
En outre, pour que l’application soit efficace, il faut qu’elle soit téléchargée par un maximum de personnes. Cependant, seul 70% de la population française a un smartphone et il n’est pas dit qu’ils vont tous télécharger l’application. Cela doit se faire sur base volontaire. Cédric O annonce que des mesures seront prises pour aider les personnes qui n’ont pas accès à un téléphone portable. Il propose, par exemple, ‘un boitier ou un bracelet qui permettraient de se passer des téléphones’. Mais tout reste encore à faire.
Autre problème: Apple n’accepte pas de modifier les paramètres de ses smartphones pour permettre à l’application d’utiliser le Bluetooth en arrière-plan. Sans cela, ‘STOP Covid’ ne pourra pas récolter les données des autres utilisateurs. Et enlever tous les utilisateurs d’Iphone du dispositif, c’est le rendre totalement inutile. Pour le secrétaire d’Etat au numérique, les discussions avec ce géant technologique sont en cours. ‘La souveraineté sanitaire et technologique française, c’est cette liberté que doit avoir notre pays d’avoir le choix et de ne pas être contraint par les choix d’une grande entreprise, aussi innovante et performante soit-elle’, déclare-t-il dans sa défense écrite de l’application.
Vote au parlement
L’application fait tellement polémique que le gouvernement français a été contraint de proposer de voter cette application au parlement. Le débat et le vote devaient se tenir le 28 et 29 avril. Mais le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré que cette discussion était ‘un peu prématurée’ vu que toutes les questions techniques n’étaient pas réglées. Il assure que le débat et le vote auront bien lieu, mais n’a pas encore donné de date précise. Et sans ce vote, le gouvernement français aura bien des difficultés à lancer l’application dans la population, même en phase de test.
A voir maintenant comment la France va gérer le ‘tracing’ des malades alors que dès le 11 mai, les écoles et les commerces pourront rouvrir et les rassemblements de 10 personnes seront autorisés.