Le bain de sang continue chez Amazon : le modèle rêvé par Jeff Bezos ne fonctionne plus

Jeff Bezos a laissé derrière lui une entreprise tentaculaire, qui devait faire pousser des campus et des magasins comme des champignons. Depuis, tout fout le camp, et son successeur Andy Jassy tente de sauver l’essentiel en coupant dans tout ce superflu.

Pourquoi est-ce important ?

Après des années Covid particulièrement fastes, c'est la débandade dans toutes les grandes industries entreprises américaines. Meta, Twitter, Google, et maintenant Amazon veulent toutes faire plus et mieux avec - beaucoup - moins de personnel.

L’actualité : après 18.000 licenciements entre novembre et janvier derniers, le PDG d’Amazon Andy Jassy a annoncé ce lundi la suppression de 9.000 emplois supplémentaires, via une note interne.

  • C’est la plus grande vague de licenciements de l’histoire de l’entreprise décompte CNBC ; il faut dire que celle-ci a énormément grossi sur les dernières années. Alors qu’en 2019, Amazon employait 798.000 personnes, elle en rassemblait 1,6 million en 2021.
  • Mais depuis la croissance du secteur tech s’est essoufflée, et Amazon – comme d’ailleurs les autres titans du secteur – doit se serrer la ceinture, avec pour mots d’ordre efficacité et rentabilité.
  • Les derniers résultats de l’entreprise dépeignent un ultime quadrimestre de 2022 plutôt décevant : Amazon est à peine rentable, malgré une performance meilleure que prévu. Le bénéfice net a chuté à 300 millions de dollars, contre 14,3 milliards de dollars un an plus tôt.

« Le principe fondamental de notre planification annuelle cette année était d’être moins gourmand tout en le faisant d’une manière qui nous permette de continuer à investir massivement dans les expériences client clés à long terme qui, selon nous, peuvent améliorer de manière significative la vie des clients et Amazon dans son ensemble. »

Andy Jassy

Un nouveau PDG qui doit faire le sale boulot

Jeff Bezos se consacre pour l’instant essentiellement à ses rêves d’espace ; depuis juillet 2021, Andy Jassy le remplace à la tête d’Amazon. Et depuis, l’entreprise a connu sa période la plus turbulente depuis l’effondrement de la bulle Internet dans les années 1990. Jassy n’y est pour rien, c’est le marché qui plonge. Mais c’est lui qui doit élaguer les branches d’Amazon.

  • Les actions d’Amazon ont plongé de 44 % depuis le 5 juillet 2021, date de la passation de pouvoir. C’est la fin d’une période de croissance qui a duré 25 ans.
  • Le PDG a recentré l’activité de l’entreprise, forçant l’abandon de projets coûteux qui n’avaient pas encore fait leurs preuves, comme les robots de livraison Scout, les drones, un service de visites virtuelles, le programme de télésanté Care et un dispositif d’appel vidéo pour les enfants.
  • Jassy a aussi décidé la fermeture de la majorité des magasins propres à la marque, dont les enseignes Pop Up et Books dans leur totalité, ainsi que la majorité des supermarchés Fresh et Go. Là encore l’objectif est clair : rogner sur des coûts fixes et de nouvelles infrastructures qui n’ont pas vraiment eu le temps de faire la preuve de leur rentabilité.
  • Au début du mois, Amazon a interrompu la construction de la deuxième phase de son nouveau campus tentaculaire d’Arlington. D’autres projets semblables, à Nashville, dans le Tennessee, et à Bellevue, dans l’État de Washington, ont également été suspendus.

Rentrer dans un costume trop grand

Des difficultés de succéder au patron génial : là où ça se complique, c’est que Jassy n’est que le second PDG d’Amazon. Il est marqué du sceau de « celui qui a suivi Jeff Bezos ». Et si ça n’est pas spécialement bon pour l’égo quand tout fonctionne, c’est un costume encore bien moins confortable quand il faut démonter les idées géniales du boss originel. C’en est visiblement fini des expériences, du moins pas avant des jours meilleurs. Pourtant, Jeff Bezos y croyait, et estimait que sa firme ne « pouvait pas être dans une meilleure position pour l’avenir » en 2021. Mais il avait déjà la tête dans les étoiles.

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