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L’Allemagne se prépare à une réorientation majeure de ses dépenses de défense


Principaux renseignements

  • Le gouvernement allemand prévoit d’exempter les dépenses de défense dépassant 1 pour cent du PIB du frein constitutionnel à l’endettement.
  • Un fonds spécial de 500 milliards d’euros sera créé pour financer des projets d’infrastructure au cours de la prochaine décennie.
  • Les propositions requièrent une majorité parlementaire des deux tiers pour être adoptées, les Verts exerçant une influence significative sur l’obtention du soutien.

Face aux inquiétudes croissantes suscitées par l’évolution de la situation internationale, l’Allemagne se prépare à une réorientation importante de sa politique de défense. Friedrich Merz, le chancelier désigné, a annoncé un plan global visant à libérer des fonds substantiels pour la défense et les projets d’infrastructure. C’est ce que rapporte Politico.

Cette décision intervient alors que la position de l’administration Trump à l’égard de l’OTAN et de l’Ukraine suscite de plus en plus d’inquiétudes, ce qui incite les dirigeants européens à donner la priorité au renforcement de leur sécurité collective. Merz a souligné l’urgence de la situation, déclarant que l’Allemagne et l’Europe doivent faire des efforts extraordinaires pour sécuriser leurs défenses à la lumière de l’évolution rapide des circonstances mondiales.

Les changements dans la politique de défense

Le plan proposé consiste à exempter les dépenses de défense dépassant 1 pour cent du produit intérieur brut du frein constitutionnel à l’endettement de l’Allemagne, qui limite actuellement les déficits budgétaires structurels à 0,35 pour cent du PIB, sauf en cas d’urgence. Bien que les détails spécifiques concernant l’allocation des dépenses de défense supplémentaires n’aient pas été divulgués, cette mesure représente une rupture substantielle avec la prudence budgétaire traditionnelle de l’Allemagne.

Cette initiative a été dévoilée aux côtés de dirigeants du parti social-démocrate (SPD), avec lequel le parti conservateur de Merz négocie actuellement un gouvernement de coalition. Lars Klingbeil, codirigeant du SPD, s’est fait l’écho du sentiment que l’augmentation des dépenses de sécurité était une préoccupation majeure pour sa génération, en particulier à la lumière des récents événements impliquant le président Zelenskyy et la Maison Blanche.

Plans d’infrastructure

Klingbeil a en outre laissé entendre que le futur gouvernement de coalition pourrait entreprendre une réforme plus large du frein à l’endettement d’ici la fin de l’année afin de faciliter les investissements supplémentaires. Cette annonce représente un changement important pour les conservateurs allemands, qui ont longtemps défendu la restriction budgétaire et mis en place des limites constitutionnelles de dépenses en 2009 sous la direction d’Angela Merkel pendant la crise de la dette en Europe.

En complément de ce plan axé sur la défense, un fonds spécial de 500 milliards d’euros est proposé pour financer des projets d’infrastructure au cours de la prochaine décennie, afin de stimuler l’économie allemande tout en répondant aux préoccupations des législateurs de gauche qui pourraient s’opposer à l’assouplissement des règles d’endettement uniquement à des fins de défense.

Obstacles à la mise en œuvre

Malgré ces annonces, le chemin vers la mise en œuvre est semé d’embûches. Merz a besoin d’une majorité parlementaire des deux tiers pour exempter partiellement les dépenses de défense des restrictions budgétaires constitutionnelles et pour adopter le fonds d’infrastructure.

L’urgence découle non seulement de la détérioration de l’alliance transatlantique, mais aussi de l’opposition potentielle de partis tels que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite favorable à la Russie, et la Gauche, tous deux connus pour leur position contre les dépenses militaires. Pour surmonter cet obstacle, Merz et le SPD ont l’intention de soumettre les propositions à l’actuel parlement avant que le nouveau parlement élu ne se réunisse en mars.

Influence du parti vert

Toutefois, pour obtenir la majorité nécessaire, il faut le soutien des Verts. De nombreux politiciens verts ont indiqué qu’ils pourraient s’opposer à ces propositions à moins qu’elles ne soient accompagnées d’une réforme fondamentale et immédiate du frein à l’endettement de l’Allemagne afin de faciliter l’augmentation des dépenses pour la stimulation économique et la transition vers les énergies propres.

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